Leur société

Convention médicale : quelle médecine et pour qui ?

Après quatre mois de négociations, les syndicats de médecins libéraux ont dit non aux augmentations de tarif proposées par le gouvernement via l’Assurance maladie, et aux conditions d’exercice qui vont avec.

Tous les cinq ans, la convention médicale, le contrat entre l’Assurance maladie et les syndicats qui définit les règles de l’exercice libéral de la médecine et de la rémunération des médecins, est renégociée. Depuis des années, la négociation s’inscrit dans le contexte de la pénurie de médecins et les discussions portent essentiellement sur ce qui définit toute la société : le prix, c’est-à-dire ici le tarif des consultations.

C’est une convention qui, en 1980, avait instauré deux secteurs : le secteur 1 pour les médecins qui respectent les tarifs servant de base au remboursement par la Sécurité sociale et à qui, en échange, les caisses financent leur assurance maladie et vieillesse, et le secteur 2 pour ceux ayant choisi de pratiquer des tarifs différents mais qui financent eux-mêmes leurs propres assurances. Ce sont aussi les conventions qui instaurèrent le « médecin référent » puis le « médecin traitant » et le « parcours de soins » avec à la clé les modalités de remboursements différents pour les consultations de spécialistes.

Cette année, le ministre de la Santé propose soit une augmentation de 1,50 euro du tarif de la consultation, la portant de 25 à 26,50 euros pour les généralistes (de 30 à 31,50 euros pour les spécialistes), soit de la porter à 30 euros (35 euros pour les spécialistes). Mais ce serait « donnant, donnant » comme l’a dit le ministre, c’est-à-dire à condition que les médecins acceptent de recevoir de nouveaux patients, assurent la « permanence des soins » avec des gardes les soirs et les week-ends. « Inacceptable », « C’est une insulte », disent les syndicats de médecins.

Certes il y a médecin et médecin. Nombre de généralistes exercent avec des horaires et des conditions de travail difficiles en campagne ou dans les grandes villes. D’autres n’ont que la réussite sociale et financière comme perspective, bénéficiant de la liberté d’installation sans aucune prise en compte des nécessités, sans aucune pression pour s’installer là où ils manquent. C’est la rançon de l’exercice de la médecine libérale dans laquelle l’appât du gain peut prendre le pas sur le choix et la volonté de soigner.

Outre la pénurie de médecins, c’est tout le système de santé qui est malade. Il souffre des mesures d’économies prises depuis des dizaines d’années par tous les gouvernements. Elles ont entraîné la fermeture d’abord des dispensaires, puis des maternités et des hôpitaux, au point que pour le plus grand nombre se soigner ressort d’un véritable parcours du combattant, qui oblige parfois à y renoncer.

Aujourd’hui les personnels et toute la population devraient bénéficier de toutes les avancées scientifiques et techniques sans le souci permanent de la rentabilité financière, alors que celle-ci est fondamentalement contradictoire avec l’impératif de la santé.

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