Participation : des mesures bidon22/02/20232023Journal/medias/journalnumero/images/2023/02/2847.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Participation : des mesures bidon

Le prétendu partage des profits entre le capital et le travail est une vieille lune des gouvernements pour dispenser les patrons d’augmenter les salaires. Élisabeth Borne y a eu recours lundi 20 février, s’engouffrant pour l’occasion derrière un accord récemment conclu entre les syndicats et le patronat.

À la convention du parti présidentiel Renaissance, elle a annoncé qu’elle allait donner force de loi à cet accord. Celui-ci prévoit essentiellement que les entreprises entre 11 et 50 salariés dégageant un bénéfice net d’au moins 1 % du chiffre d’affaires pendant trois ans devront mettre en place un dispositif de participation, d’intéressement ou d’épargne salariale d’ici janvier 2025, comme c’est déjà le cas pour les sociétés plus importantes. Elle ne s’est cependant pas arrêtée là, et a annoncé vouloir lancer une concertation sur une participation exceptionnelle pour les entreprises de plus de 5 000 salariés réalisant des bénéfices particulièrement élevés.

Dans une période où certaines des plus grandes entreprises ont réalisé des profits faramineux à la faveur du Covid et de la guerre en Ukraine, c’est un moyen aussi commode que dérisoire de sembler les mettre à contribution. Dédouaner les patrons a toujours été l’objectif de ces dispositifs depuis que de Gaulle les a initiés dans les années 1960. Il allait à l’époque jusqu’à qualifier la participation de troisième voie entre le communisme et le capitalisme. Depuis, tous les gouvernements y sont allés de leurs lois en la matière, jusqu’à Macron qui déclarait fin 2022 : « Quand vous avez d’un seul coup une augmentation des dividendes pour vos actionnaires, alors l’entreprise doit avoir un mécanisme qui est identique pour les salariés. » Cet amoncellement de dispositifs, que certaines confédérations, ou même toutes, y apposent leur signature ou non, est cependant bien impuissant à cacher le simple fait que les actionnaires accumulent des fortunes, alors que les travailleurs ont de plus en plus de mal à joindre les deux bouts.

Dans cette société basée sur l’exploitation, il ne peut pas y avoir de juste partage des profits. La seule manière pour les travailleurs d’améliorer leur sort est de se battre pour un salaire qui leur permette de vivre. Seul compte le rapport de force avec des capitalistes dont les profits sont d’autant plus importants qu’ils parviennent à faire baisser ces salaires. Tous les discours et les dispositifs sur le partage des profits ne sont que des écrans de fumée destinés à masquer cette réalité.

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