Leur société

Nucléaire : les réacteurs à la retraite à 80 ans ?

L’État et EDF ont décidé de prolonger la durée des centrales nucléaires jusqu’à 80 ans, alors qu’elles étaient conçues pour en durer 40. Cela n’a jamais été fait, ni aux États-Unis, pays où se trouvent les centrales en fonctionnement les plus anciennes, certaines âgées de plus de 50 ans, ni ailleurs.

Le cœur de la centrale, la cuve et son couvercle, sont irradiés en permanence durant les dizaines d’années de leur exploitation. On ne peut y toucher. Il est arrivé à plusieurs reprises des cas de fusion partielle ou totale du cœur de certains réacteurs, comme à Three Mile Island aux États-Unis, Tchernobyl et Fukushima. Sans compter bien d’autres incidents. Quels seraient les risques avec des réacteurs vieillissant jusqu’à 80 ans ? Nul n’en sait rien.

Jusqu’en 2020, la doctrine officielle, en France, était de réduire la part du nucléaire dans l’électricité, pour passer d’environ 75 % à 50 %, en démantelant quatorze réacteurs. L’État a commencé par arrêter celui de Fessenheim, en Alsace, pour honorer une promesse faite aux partis écologistes, en France, mais aussi aux autorités anti-nucléaires de l’autre côté de la frontière, en Allemagne.

En février 2022, Macron a annoncé un complet changement de cap et la relance du nucléaire, au lieu de sa diminution, la construction de nouvelle centrales, grandes et petites, et en même temps la prolongation des centrales existantes.

L’argument avancé pour justifier la prolongation des centrales, c’est qu’aux États-Unis six réacteurs, avec des technologies à peu près similaires, ont obtenu l’autorisation d’aller jusqu’à 80 ans. Or, aux États-Unis, comme en France, l’opacité règne quant à cette option. Par ailleurs on y utilise des méthodes de sécurité différentes, jugées ici moins efficaces. Méthodes qui de toute façon n’ont pas empêché des incidents de chaque côté de l’Atlantique.

Actuellement il existe un organisme de contrôle, prétendument indépendant, l’Autorité de sûreté nucléaire, l’ASN. Mais il existe aussi et surtout un second organisme, l’IRSN, Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire, qui prépare les avis de l’ASN. Et justement l’IRSN a été supprimé le 8 février par le gouvernement, au motif de « fluidifier les processus d’examen technique et de prise de décision de l’ASN pour répondre au volume croissant d’activités liées à la relance de la filière nucléaire ». Autrement dit, pour faciliter les autorisations retardées par des experts jugés trop pointilleux ou trop indépendants.

À la suite de cette décision gouvernementale, le conseil d’administration de l’IRSN a voté une motion d’alerte sur le risque de paralysie de la sûreté nucléaire dans le pays. Le personnel a aussi été appelé à la grève le 20 février, avec des rassemblements à Cadarache et à Paris.

Ainsi, tout en prenant une décision potentiellement dangereuse de prolongation des réacteurs, le gouvernement supprime un organisme de contrôle de sûreté ! La politique en zigzag de Macron et de son gouvernement montre leur parfaite incapacité à diriger quoi que ce soit en matière d’énergie, en particulier atomique. Leurs décisions font peser une lourde menace sur toute la société.

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