Dans le monde

Conférence de Munich : sommet des va-t-en-guerre

Réunie les 17 et 18 février, la conférence de Munich sur la sécurité en Europe – une sorte de forum diplomatique fondé en 1963 – a été l’occasion pour Macron de s’adresser à l’opinion publique en France plus qu’aux dirigeants de ce monde qui y participaient.

Face aux délégations des États-Unis et de la Chine, celle de la Russie ayant été exclue pour fait de guerre, la « voix de la France » ne pèse guère. Quand Macron déclare : « Nous sommes prêts à intensifier notre soutien à l’Ukraine et nous sommes prêts à un conflit prolongé », le message dit aux États-Unis, qui mènent la danse en Ukraine, que l’allié français fait bloc avec eux, avec l’OTAN, c’est-à-dire l’ensemble du camp des grandes puissances occidentales. Mais le message est aussi, plus concrètement, destiné à préparer la population, ici en France, à faire des sacrifices au nom de la guerre en Ukraine et à se ranger le doigt sur la couture du pantalon derrière l’État français. En pleine contestation de la réforme des retraites, et au moment où la population subit la flambée des prix, Macron joue l’Union sacrée, sous prétexte de venir en aide à l’Ukraine. Il prétend même avoir sa propre partition en annonçant que son but, contrairement à d’autres qu’il ne nomme pas, n’est pas d’écraser la Russie, mais que, pour l’heure, le temps n’est pas aux négociations ; à quoi Moscou a répondu que la parole d’un président français n’avait aucune valeur.

La conférence de Munich a aussi été l’occasion de déclarations sur la nécessité de renforcer la cohésion dans la défense, et en fait la politique va-t-en-guerre de l’Union européenne, ainsi que la production d’armes à l’échelle de cette même Union. Paris et Berlin, les deux piliers de l’UE, répètent qu’il faut entrer dans une économie de guerre, produire toujours plus pour ravitailler l’armée de Zelensky mais aussi pour renforcer leurs moyens de défense. Là encore, l’objectif est de persuader l’opinion publique de la légitimité qu’il y a à détourner des centaines de milliards d’euros d’argent public vers la production d’armement et à préparer la population à observer une discipline de caserne pour la défense de la patrie ou de l’Union européenne. Les centaines de milliards d’euros consacrés à la production d’armes, et donc destinés à tuer et à massacrer en grand, feront et font déjà le bonheur de quelques-uns. Ils vont et iront enrichir les industriels, pour lesquels la militarisation de la production et les commandes d’État pour l’armée sont une aubaine.

C’est une escalade guerrière mondiale dans laquelle Macron s’inscrit. Quant à ses palabres diplomatiques, sans portée sur le cours de cette guerre, leur objectif véritable est de préparer, ici, la population à accepter d’être de la chair à produire, et peut-être bientôt de la chair à canon.

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