Profits pharmaceutiques : la manne du Covid et pas seulement08/02/20232023Journal/medias/journalnumero/images/2023/02/2845.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Profits pharmaceutiques : la manne du Covid et pas seulement

Les grands groupes pharmaceutiques ont annoncé leurs résultats pour l’année 2022. Ils sont hors norme. Il y a les profiteurs de guerre, comme les trusts pétroliers ou ceux de l’armement… Et on peut dire qu’il y a les profiteurs de la « guerre sanitaire » contre le Covid : les grands groupes pharmaceutiques.

Le plus représentatif d’entre eux est le groupe américain Pfizer. Après la mise en vente de son vaccin contre le Covid-19, l’année 2021 avait été record, avec un chiffre d’affaires de 81,3 milliards de dollars et un bénéfice net de 22 milliards. 2022 a été encore meilleur : le groupe a fait plus de 100 milliards de chiffre d’affaires et un bénéfice net de plus de 30 milliards.

Pfizer a raflé la part la plus importante du marché mondial des vaccins contre le Covid. Et avec quelques autres groupes, comme Moderna ou Astra Zeneca, il a pu imposer ses prix à tous les États. Ces prix devaient rester secrets mais, grâce à des fuites, on a fini par apprendre que ces vaccins se sont vendus une trentaine de dollars la dose aux États-Unis et entre 15 et plus de 20 euros la dose en Europe. Et il faut comparer ces montants aux coûts de production qui, selon l’organisation Oxfam, sont de 1,18 dollar la dose.

Pfizer annonce que l’année 2023 risque d’être moins mirifique pour ses actionnaires, car le marché des vaccins anti-Covid recule. Aux États-Unis, début mai, le gouvernement va lever l’état d’urgence sanitaire lié au Covid, qui faisait que l’État prenait à sa charge le coût des vaccins. Désormais, seules les personnes assurées seront remboursées pour un vaccin ou un rappel. Pfizer a déjà anticipé cette baisse du marché par une hausse du prix de son vaccin à 130 dollars la dose ! Il vendra peut-être moins, mais beaucoup plus cher.

Le groupe français Sanofi, qui n’a pas réussi à produire en temps son propre vaccin contre le Covid, a su se rattraper avec d’autres médicaments, comme le Dupixent qui traite l’asthme et des inflammations de la peau. Ce seul produit a rapporté à Sanofi plus de 8 milliards d’euros en 2022 et, au total, le chiffre d’affaires du groupe a augmenté, cette année, de 13,9 %, à plus de 42 milliards d’euros.

Pour l’année prochaine, Sanofi a annoncé la sortie d’un vaccin contre la bronchiolite des bébés, dont le marché est immense car il n’y en a pas d’autre au monde pour l’instant. À combien vendra-t-il son vaccin ? Le groupe est comme Pfizer avec le vaccin contre le Covid : en position d’imposer ses tarifs. Sanofi pourra toujours dire que l’épidémie de bronchiolite de l’hiver dernier a engorgé les hôpitaux, qu’elle a mobilisé des lits et du personnel, que cela a coûté très cher à la Sécurité sociale et que son vaccin va donc permettre de faire des économies très importantes. Il pourrait ainsi justifier un prix exorbitant. C’est avec ce genre d’argumentaire que les médicaments sont vendus très cher aux États qui payent avec l’argent public. Et c’est ainsi que les grands groupes pharmaceutiques mettent la main sur toute une partie du budget public de la Santé.

Partager