Pénuries de médicaments : bon plan pour les profits08/02/20232023Journal/medias/journalnumero/images/2023/02/2845.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Pénuries de médicaments : bon plan pour les profits

Pour lutter contre les ruptures d’approvisionnements qui se succèdent, le gouvernement a annoncé un plan anti-pénuries.En 2022, 3 000 ruptures de stocks ont été constatées, certaines touchant des produits courants, comme le paracétamol ou l’antibiotique amoxicilline, y compris dans sa version pédiatrique.

Les pénuries ont également concerné des traitements anti-infectieux, anticancéreux ou de maladies chroniques graves comme le diabète. Au 21e siècle, dans l’un des pays les plus riches du monde, on peut donc se retrouver en manque de simples antibiotiques. Les moyens de production seraient-ils à la peine ? La demande aurait-elle explosé soudainement ? Les raisons fondamentales de ces pénuries sont à chercher ailleurs : dans le principe même du capitalisme, où l’on choisit ce qu’on va produire en fonction du profit que cela rapportera. Ainsi, produire de l’amoxicilline, médicament ancien dont le brevet est tombé dans le domaine public, n’est plus aussi rentable que d’autres productions.

Le gouvernement a donc mis son grain de sel, lui qui promettait en ­novembre dernier que les pénuries « seraient réglées en quelques semaines ». Au-delà des phrases creuses sur les mesures fortes et des listes de traitements en tension à dresser, il promet un « plan blanc », à l’image de celui qui gère les situations de crise à l’hôpital… Ça ne rassure pas !

Mais c’est surtout aux groupes pharmaceutiques qu’il s’adresse. Ces derniers, dont les profits ont explosé ces dernières années, ont en effet le culot d’expliquer que les prix de vente des médicaments sont trop bas pour qu’ils acceptent d’en produire plus. Le message est reçu cinq sur cinq par un gouvernement soucieux « d’inciter » plutôt que de « contraindre » quand il s’adresse à ses maîtres capitalistes. Son plan prévoit donc la possibilité de vendre plus cher les médicaments génériques. Urgence vitale oblige, les géants de la pharmacie sont gentiment priés de bien vouloir faire plus de profits. Que voilà une douce contrainte, qui ne devrait pas les empêcher de faire des rêves d’or !

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