Le Foch sabordé : amiante à l’eau08/02/20232023Journal/medias/journalnumero/images/2023/02/2845.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Le Foch sabordé : amiante à l’eau

Le 3 février, la marine brésilienne a sabordé le porte-avions Sao Paulo, ex-Foch français, envoyant un déchet de 24 000 tonnes par 5 000 mètres de fond, à 250 kilomètres des côtes.

La faune et la flore pourront ainsi profiter de la lente désagrégation de 650 tonnes de produits dangereux, dont dix tonnes d’amiante, de la peinture au plomb, de l’arsenic, de l’étain, des hydrocarbures, des pyralènes, du mercure, etc.

Le navire, construit aux chantiers de Saint-Nazaire à partir de 1957, instrument de puissance de l’impérialisme français durant trois décennies, avait été vendu à la marine brésilienne en 2000. L’été dernier, la coque à bout de souffle a été cédée pour démolition à un chantier turc. Mais, la Turquie refusant de recevoir cette poubelle flottante, l’ex-Foch a erré en remorque dans l’Atlantique des mois durant avant d’être mis au mouillage dans les eaux brésiliennes. Finalement, le gouvernement brésilien refusant de le laisser aborder, il a été remorqué dans les eaux internationales et abandonné à la dérive. La marine brésilienne a alors pu décréter qu’il constituait un danger pour la navigation et le couler, conformément aux règlements qui s’appliquent dans les eaux internationales.

La pollution est aussi manifeste que volontaire, mais il n’y a aucune loi pour la condamner et aucun tribunal devant qui porter plainte. Non coupable donc, la marine française qui a fait construire ce navire et l’a revendu en toute connaissance des risques. Non coupable, la marine brésilienne, qui prétend avoir fait son possible pour trouver une solution. Non coupables, les pays impérialistes qui considèrent l’océan comme une poubelle et n’ont jamais, au cours de dizaines d’années de parlottes, pris de mesure contraignante pour leurs armateurs et leurs marines de guerre. Non coupable enfin, cette société qui consacre le meilleur de la science et du travail à construire de monstrueux navires de guerre pour, au mieux, en saborder les coques pourries, au pire, les utiliser dans d’horribles massacres.

Partager