Haïti : les classes possédantes ont failli, le pouvoir aux classes exploitées !08/02/20232023Journal/medias/journalnumero/images/2023/02/2845.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Haïti : les classes possédantes ont failli, le pouvoir aux classes exploitées !

Cet article est l’éditorial du mensuel La Voix des Travailleurs édité par l’OTR (Organisation des travailleurs révolutionnaires) d’Haïti.

L’économie d’Haïti est en train de s’effondrer. L’inflation annuelle approche les 50 % ! Un niveau jamais atteint jusque-là. Les prix des biens et des services explosent. En moins d’une année, deux hausses spectaculaires des produits pétroliers. La gourde a perdu 52 % de sa valeur sur un an ! Le pouvoir d’achat se réduit comme peau de chagrin. Les classes possédantes et leurs valets au pouvoir livrent une sale guerre aux classes exploitées pour leur faire payer la crise.

La presse bourgeoise parle d’insécurité alimentaire pour 5 millions de personnes qui crèvent de faim. Des chiffres très en dessous de la réalité, car c’est l’écrasante majorité de la population qui est brutalement poussée dans la misère abjecte. La terreur des gangs vient aggraver les conditions déjà précaires des classes laborieuses.

Les gens veulent s’échapper de cet enfer par tous les moyens. Des voiliers surchargés prennent la mer, au mépris des risques inhérents à de telles traversées. Des naufrages entraînant des morts et des disparus sont régulièrement rapportés par la presse. La petite bourgeoisie, qui n’a jamais caché son mépris à l’endroit des classes pauvres, comme le personnel de maison, s’est appauvrie elle-même. L’écrasante majorité de ceux qui disposaient d’un visa se sont envolés vers d’autres cieux, pour se retrouver à travailler au noir dans des emplois précaires réservés aux immigrés, aux illégaux, bref, aux pauvres.

Le nombre de chômeurs a également explosé avec la fermeture de nombreuses entreprises, petites et moyennes, dont les reins ne sont pas assez solides pour faire face à la crise. À Caracol, l’entreprise S & H Global, principale pourvoyeuse d’emplois au Parc, vient d’annoncer le licenciement de 3 500 employés. Les « factories », qui fonctionnent, imposent des cadences et des conditions de travail de plus en plus dures, sans compter les suspensions intempestives.

L’agonie que vit actuellement la population laborieuse, l’état de délabrement du pays, la catastrophe humanitaire qui s’avance à grands pas : c’est le bilan des classes au pouvoir. Depuis l’indépendance, la tête de l’État a vu se succéder une variété de dictateurs ou de démocrates, militaires, prêtres, agronomes, avocats, ingénieurs et même musicien, souvent bardés de diplômes. À la tête des entreprises, des familles capitalistes, comme les Mevs, Brandt, Biggio, Paid, etc., se transmettent de père en fils la gestion du butin tiré de l’exploitation des classes laborieuses. Les dirigeants économiques et politiques ont irrémédiablement failli. Il revient aux classes pauvres, exploitées depuis toujours, de se donner l’énergie et la volonté politique nécessaires en vue de chasser leurs oppresseurs et offrir une autre perspective au pays.

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