C’est pas à Matignon, ni au Palais-Bourbon, qu’on obtiendra satisfaction !01/02/20232023Journal/medias/journalnumero/images/2023/02/2844.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

retraites

C’est pas à Matignon, ni au Palais-Bourbon, qu’on obtiendra satisfaction !

Le 30 janvier, les députés ont démarré l’examen de la réforme des retraites présentée par Élisabeth Borne et son gouvernement. Ministres et journalistes en concluent qu’il ne servirait plus à rien de manifester. Il faudrait désormais s’en remettre à la « représentation nationale ».

Après leur élection, en juin dernier, dans le cadre d’un système électoral biaisé et avec un taux d’abstention de 50 %, dire que les députés représentent le pays est plus que discutable. Dire qu’ils auraient le droit depuis leur fauteuil d’imposer aux salariés du pays de travailler plus longtemps l’est encore plus. Quant au Parlement, il a tout d’un théâtre.

Plus de 7 000 amendements ont certes été déposés par les groupes parlementaires. Certains visent à empêcher le passage à 64 ans. D’autres, déposés y compris par des députés de la majorité, cherchent à atténuer tel ou tel aspect particulièrement choquant du projet pour mieux faire passer la pilule. Ces amendements concernent, par exemple, les femmes ayant élevé des enfants, les régimes spéciaux de certains travailleurs, les carrières longues ou les travaux pénibles, etc.

Pendant 50 jours, en commission puis dans l’hémicycle, puis au Sénat, les parlementaires sont censés discuter de tous ces amendements. Mais, la Constitution étant bien faite pour le gouvernement, il peut utiliser le fameux article 49-3, qui lui permet de faire passer sa loi en force, sauf si tous les députés opposants s’unissent pour le faire tomber. Un autre article opportun, le 47-1, lui permet de raccourcir la discussion et d’aller chercher un accord avec les sénateurs, majoritairement de droite et favorables aux 64 ans, pour faire voter la loi.

Autant dire que, si les travailleurs ne veulent pas travailler jusqu’à l’épuisement ou partir avec une pension de misère, ils ne peuvent pas mettre leurs espoirs dans le Parlement mais doivent compter sur leur mobilisation et en particulier sur la grève. Macron n’est qu’un exécutant des exigences patronales. Si les travailleurs menaçaient la production, c’est-à-dire la machine à profits du grand patronat, ce dernier lui demanderait bien vite de remiser sa loi. Déjà, dans diverses entreprises, de Carrefour à Airbus en passant par Stellantis, les travailleurs ont pu noter un changement de ton de la hiérarchie. Des chefs prêts à faciliter la participation à la manifestation du 19 janvier en accordant des congés, car « elle ne vise pas l’entreprise », ne voulaient plus en entendre parler le 31.

La mise en œuvre d’une loi est d’abord une question de rapport de force. On l’a vu en 2006 avec la loi qui voulait instaurer le CPE, ce smic au rabais pour les jeunes. La mobilisation massive de la jeunesse et la menace que la grève ne s’étende dans les entreprises avaient contraint Chirac, alors à l’Élysée, à déchirer sa loi pourtant dûment votée et ratifiée. Et cela est vrai dans les deux sens. C’est parce que des femmes et des médecins de plus en plus nombreux ne respectaient pas la loi interdisant l’avortement que Giscard d’Estaing et Simone Veil ont fait voter une loi autorisant et encadrant l’IVG.

La fébrilité que montrent les ministres et les députés qui les soutiennent doit être un encouragement à augmenter la pression, non seulement en manifestant, mais en se mettant en grève dans le maximum d’entreprises.

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