Dans le monde

France-Allemagne : “deux âmes dans une même poitrine” ?

Lyrisme de pacotille et langue de bois ont été parrain et marraine de la rencontre franco-allemande Macron-Scholz, dimanche 22 janvier à la Sorbonne, censée œuvrer à la refondation de l’Europe, après un Conseil des ministres commun. On a pu apprendre ainsi de Macron que France et Allemagne sont « deux âmes dans une même poitrine ».

La date symbolique, le soixantième anniversaire du traité de l’Élysée, traité de coopération signé par de Gaulle et Adenauer, était destinée à réparer la fausse note de la rencontre annulée quelques mois plus tôt, pour cause de trop nombreuses dissonances entre les deux gouvernements.

Mais les déclarations d’amitié n’ont guère masqué la concurrence féroce entre représentants des deux bourgeoisies européennes, bien plus souvent rivales qu’alliées. Qu’il s’agisse du prix de l’énergie, des dépenses d’armement ou des subventions à leurs entreprises respectives, des intérêts divergents ne manquent pas d’apparaître derrière le vocabulaire consensuel.

Dans le panier apporté par Macron figurait le projet de couloir d’hydrogène H2Med, qui doit relier l’Espagne à la France et va être élargi à l’Allemagne, désireuse de diversifier son énergie car privée des livraisons de gaz russe. La fourniture de chars lourds Leopard et Leclerc au gouvernement ukrainien, réclamée par celui-ci, est demeurée un sujet épineux, à évacuer de préférence. Mais les deux projets d’armement franco-allemands, le système de combat aérien du futur, le Scaf, et les chars eux aussi du futur, les MGCS, restent plus que jamais d’actualité : les deux gouvernements promettent un bel avenir au militarisme, que ce soit ensemble ou séparément.

Il reste l’annonce, à l’issue de la rencontre, d’un projet de ligne ferroviaire rapide reliant Berlin à Paris, et de la fourniture de 60 000 billets de train gratuits ou presque, devant permettre à des jeunes des deux pays de se retrouver.

En dehors de cela, les amateurs de poésie pesante auront pu apprendre de Macron, enfin, où se trouve le siège si controversé de l’âme : dans la cage thoracique.

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