Chine : la fin du zéro-Covid quoi qu’il en coûte25/01/20232023Journal/medias/journalnumero/images/2023/01/2843.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Chine : la fin du zéro-Covid quoi qu’il en coûte

Le 13 janvier, le gouvernement chinois, qui avait décidé de ne plus publier de statistiques sur les morts du Covid, a finalement reconnu 60 000 décès dans le système hospitalier entre le 8 décembre et le 12 janvier, un chiffre sans aucun doute sous-estimé, ne prenant pas en compte les décès en dehors des structures hospitalières.

Le gouvernement a complètement et brusquement abandonné sa politique ­zéro-Covid début décembre. Cette politique, cynique et brutale, avait provoqué la révolte des ouvriers de Foxconn encasernés dans leur usine. Fin novembre, après la mort d’au moins dix personnes dans l’incendie d’un immeuble d’Urumqi, dont les portes avaient été scellées pour empêcher les habitants confinés de sortir, des milliers de manifestants avaient protesté à travers tout le pays contre le gouvernement. Mais l’objectif de celui-ci dans l’abandon du zéro-Covid n’était pas de soulager une population excédée. En l’absence d’une vaccination massive et efficace, cette politique zéro-Covid était sans fin. Elle était devenue une impasse économique, les confinements à répétition bloquant l’activité et les profits des entreprises, la croissance économique étant au plus bas et toute reprise étant entravée, alors que le problème n’a plus la même ampleur dans la plupart des grands pays capitalistes.

Les manifestations fin novembre ont été l’occasion pour le gouvernement de changer de politique. En donnant l’impression d’aller dans leur sens, il s’en sert pour faire taire toute critique sur les risques qu’il fait prendre à des millions de Chinois. En levant toutes les restrictions d’un coup, et qui plus est au moment du Nouvel An chinois, qui voit des millions de travailleurs rejoindre leurs familles pour les fêtes, le gouvernement mise sur l’immunité collective : il compte sur le fait que l’ensemble de la population tombe malade et s’immunise de cette manière, tout en sachant que les plus faibles, ceux qui ne sont pas vaccinés, ou mal vaccinés, risquent d’en mourir. Et s’il l’a fait si brusquement, c’est pour que le Covid se propage le plus rapidement possible et qu’ensuite l’économie redémarre le plus vite possible.

C’est un calcul cynique. La politique de confinements à répétition, que le gouvernement vantait comme un succès national, a fait passer la vaccination au second plan, d’autant plus que le nationalisme du pouvoir, combiné au prix des vaccins occidentaux, lui a fait préférer les vaccins chinois, réputés peu efficaces. 60 % des plus de 80 ans, les personnes les plus à risque, n’ont jamais reçu une dose de vaccin, même chinois. Comme, depuis début décembre, plus des deux tiers des 1,4 milliard de Chinois auraient été contaminés, le nombre de morts n’est sans doute pas de plusieurs dizaines de milliers mais plutôt de plusieurs centaines de milliers, ce que confirment les structures hospitalières débordées, les Urgences saturées, les files d’attente devant les crématoriums…

Le cynisme du gouvernement chinois a été largement dénoncé. Mais les capitalistes du pays ne sont pas les seuls à espérer renouer rapidement avec l’activité économique et les profits. Les usines et les commerces des capitalistes occidentaux implantés en Chine tournaient aussi au ralenti en raison des confinements à répétition depuis des mois. Eux aussi espèrent « un rebond cette année », comme l’écrivait le journal Les Échos du 17 janvier, plus précisément à partir du mois de mars. D’autant que le gouvernement chinois s’apprête, une fois les travailleurs guéris et les usines prêtes à tourner, à décider de mesures de relance, une manne dont les trusts occidentaux espèrent bien profiter.

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