Ukraine-Russie : des peuples pris en otage19/01/20232023Journal/medias/journalnumero/images/2023/01/2842.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Ukraine-Russie : des peuples pris en otage

Passées en boucle sur toutes les chaînes de télévision, les images de la barre HLM de Dnipro qu’un missile – russe ? mais Moscou dément – a fait s’effondrer sur ses habitants sèment l’effroi.

Le nombre des morts, des disparus, des blessés a aussi de quoi effrayer : ce sont des civils, surtout des travailleurs car cette ville, l’ex-Dniepropetrovsk, est un très grand centre industriel du centre-est de l’Ukraine.

La ville semblait loin des combats. Jusqu’à récemment, les statistiques de pertes civiles que Kiev publie ne mentionnaient même pas la région, à la différence de celle de Kharkiv, qui arrive en tête de ce sinistre tableau, et de celle de Donetsk, dans le Donbass tenu par Moscou, qui la suit de près. Peu éloignées et toutes deux très peuplées, mais situées de part et d’autre de la ligne de front, ces villes ont connu, connaissent ou risquent de connaître des tueries comme celle de Dnipro, tant il est vrai que les chefs des camps en présence n’ont aucun souci des populations.

De la part de Poutine, chef d’une bureaucratie qui opprime et exploite la population russe, cela semble une évidence. Lui, les hauts bureaucrates, les oligarques qui leur sont liés et les généraux qui mènent cette guerre du côté russe le font avec la peau des Ukrainiens mais aussi celle de leurs propres soldats, qu’ils envoient massacrer et se faire massacrer. La mobilisation de 300 000 rappelés en septembre a été déjà en grande partie consumée au feu des combats, au point qu’il est de plus en plus question que l’armée, grande dévoreuse d’hommes, en exige 500 000 de plus dans un proche avenir.

S’agissant des dirigeants ukrainiens, on nous martèle depuis des mois qu’ils sont du « bon côté », puisqu’ils ont choisi d’être la pointe avancée vers l’est, contre la Russie, de l’Otan et de « nos » gouvernants. Ceux-ci soutiendraient ainsi le camp de la démocratie. Celui-là même, sans doute, qu’ils ont soutenu dans des guerres contre le peuple algérien, le peuple vietnamien et tant d’autres, de l’Afghanistan à l’Irak en passant par tous les pays d’Afrique que la France pille et où son armée soutient les pillards que sont les grands groupes capitalistes français et les dictateurs locaux qui les servent.

Avec de tels parrains en « démocratie », les bureaucrates et les oligarques ukrainiens ainsi que Zelensky n’ont pas à rougir de leur propre politique. Ni de faire payer à leur peuple leur volonté de passer de la sphère d’influence russe – qui était la leur depuis la fin de l’Union soviétique – à celle des grandes puissances de la bourgeoisie mondiale, États-Unis en tête.

Zelensky et les nantis ukrainiens savaient ce que cela impliquait : démanteler les droits sociaux, ouvrir en grand le pays aux firmes occidentales venues piller ses ressources et exploiter sa main-d’œuvre. Avant la guerre, Zelensky avait si bien mené cette politique qu’une bonne partie de la population voyait en lui un ennemi.

Cette politique, dictée par les intérêts des grands groupes occidentaux et des puissances impérialistes, impliquait aussi le risque, pour la population, que le Kremlin cherche à l’empêcher par les armes, afin de contraindre Kiev à un compromis.

Les dirigeants américains et ouest-européens ont fait prendre ce risque à l’Ukraine et à sa population. Les dirigeants ukrainiens aussi, en bombardant les populations civiles des régions tenues par Moscou, en faisant régner la loi martiale ailleurs.

Les dirigeants ukrainiens ont aussi laissé les entreprises s’asseoir sur le peu qui subsistait de droits sociaux, faire des profits à tout prix, notamment dans l’énergie en rackettant la population, imposer des salaires de misère. Ils ont réduit l’indemnisation du chômage à 90 jours et 180 euros maximum, alors que 30 % des travailleurs sont officiellement sans emploi. Ils ont aussi confié aux patrons la tâche de transmettre les convocations militaires à leurs salariés. Alors, nombre d’entre eux, ce dont les employeurs se plaignent dans la presse, ne veulent plus travailler qu’au noir pour ne pas risquer d’être expédiés au front.

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