Leur société

Vaulx-en-Velin : des quartiers populaires à l’abandon

Après le dramatique incendie du 15 décembre dans une tour délabrée du quartier du Mas du Taureau, qui a fait dix morts dont quatre enfants, la population de Vaulx-en-Velin s’était organisée pour affirmer sa solidarité avec les victimes et soutenir les rescapés.

Au fil des jours qui ont suivi le drame, chez les habitants de cette ville de la banlieue lyonnaise la stupeur a peu à peu laissé la place à la colère. Car même si l’origine du feu reste pour l’heure inconnue, il est évident que le bilan n’aurait pas été aussi lourd dans un immeuble en bon état. Cela fait des années que les habitants du Mas du Taureau alertent les autorités sur les risques que représentent l’insalubrité, le manque d’entretien, l’encombrement des halls d’entrée et des montées d’escaliers, et la présence des dealers.

Ni l’État ni la mairie ne font quoi que ce soit pour remédier à ces problèmes connus de tous. Aujourd’hui encore, dans le quartier voisin de la Grappinière, où une personne est décédée dans un autre incendie en janvier 2022, des résidents de HLM signent des pétitions pour dénoncer la vétusté des installations électriques et la condamnation de certaines portes d’évacuation. Ils ne reçoivent pas plus de réponse qu’avant, malgré l’incendie du mois de décembre.

Car derrière les discours des politiciens au pouvoir, qui se déplacent pour promettre leur soutien quand une catastrophe a fait venir des caméras, la réalité reste la même. Pire, comme dans toutes les communes pauvres aux budgets insuffisants, la situation continue de se dégrader à Vaulx-en-Velin.

En ce début d’année, la mairie met en œuvre toute une série de restrictions pour limiter son déficit budgétaire, aggravé par la flambée des coûts de l’énergie : fermeture du planétarium pour un mois, fermeture du cinéma municipal pour un an, diminution du chauffage dans les infrastructures de la ville, annulation de tous les séjours scolaires, diminution des dotations aux écoles pour les fournitures, et même suppression — en toute discrétion — d’une partie du menu de tous les repas servis aux élèves dans les cantines scolaires.

Pour ne pas risquer la mort dans des ghettos insalubres ni se laisser priver de l’accès aux loisirs et aux services élémentaires, les habitants des quartiers populaires devront compter sur leur mobilisation.

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