Leur société

Loi sur les énergies renouvelables : capitalisme barbouillé de vert

Mardi 10 janvier, le gouvernement a trouvé une majorité de députés pour adopter son projet de loi sur les énergies renouvelables. L’épisode révèle à la fois une mise en scène politique, un montage financier barbouillé en vert et, au fond, l’impasse de la société capitaliste.

L’opération politique a consisté à faire adopter ce texte contre la droite et l’extrême droite, mais grâce aux voix de la gauche et à l’abstention des écologistes. Le gouvernement cherche ainsi à afficher de vertes et vertueuses préoccupations, le louable souci de procurer de l’électricité au pays, la volonté de ne pas le défigurer et l’espoir de contenter tout le monde.

La loi est faite pour simplifier les autorisations d’installation de champs d’éoliennes, terrestres ou marines, de panneaux solaires le long des autoroutes, sur les toits des bâtiments et même dans les champs et les landes littorales, sous certaines conditions. Les députés, après les sénateurs, se sont demandé qui aurait le pouvoir d’autoriser l’installation d’éoliennes, où et sous quelles conditions. Ils ont finalement répondu : ce sera l’État, où il le voudra, même dans les parcs et réserves naturelles, après avoir prévenu les populations certes, mais en se passant en fait de leur avis.

En revanche ni le gouvernement ni les élus qui se gargarisent de transition écologique ne se sont préoc­cu­pés de la durée de vie de leurs matériels, de la façon de les fabriquer puis de s’en débarrasser, du type de matériaux employés et de leur provenance, etc. C’est qu’il s’agit d’une très grosse affaire, à la rentabilité assurée et immédiate pourvu que l’on se dépêche. L’État subventionne toute la filière, de la recherche à la mise en place, et garantit l’achat à bon prix de l’électricité produite. Dans ces conditions, les trois premiers opérateurs de l’énergie renouvelable et de la transition écologique sont EDF, Engie et TotalEnergies, acteurs historiques et bénéficiaires de la catastrophe écologique en cours. Les rois de l’énergie fossile et nucléaire sont donc rebaptisés, aux frais de l’État, empereurs de la transition écologique en même temps qu’on leur fournit de nouvelles occasions de s’enrichir.

Il reste le problème de fond : comment l’humanité peut-elle produire l’énergie dont elle a besoin sans mettre en danger l’équilibre vivant de la planète ? Il est insoluble dans une société basée sur la recherche du profit. L’histoire de la production d’énergie le démontre, des coups de grisou meurtriers à Fukushima, des terrils centenaires aux cimetières à déchets nucléaires et, bientôt, aux stocks de pales usagées et aux archipels de plots en béton d’éoliennes marines hors service. Les catastrophes climatiques de plus en plus fréquentes et l’inaction de fait des gouvernements face au réchauffement en sont une autre illustration.

La question de l’énergie, comme toutes celles qui concernent l’ensemble de la population, ne peut être envisagée qu’à l’échelle du globe. C’est impossible dans un monde où chaque capitaliste, soutenu par son État, est libre de courir après le profit, comme il veut, où il veut, sans se soucier des conséquences.

Le choix n’est pas entre énergies fossiles ou renouvelables, de toute façon exploitées par les mêmes trusts sous l’aile des mêmes États, avec la même irresponsabilité. Le choix est entre le profit privé et l’intérêt collectif, entre l’anarchie capitaliste actuelle et la nécessaire planification socialiste.

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