Leur société

Boulangers : dans le pétrin

À la suite des protestations de plusieurs artisans-boulangers face à l’explosion de leur facture d’électricité, le gouvernement a reçu leurs représentants le 3 janvier.

À l’occasion du renouvellement des contrats de fourniture d’énergie, leurs tarifs explosent. Ainsi, un boulanger de l’Oise a reçu en janvier une facture d’électricité de 12 882 euros contre 1 800 euros deux mois auparavant. Plusieurs boulangers font part d’une augmentation similaire, avec des tarifs multipliés par trois et jusqu’à six, alors qu’ils sont dépendants de fours énergivores. Cela s’ajoute à l’augmentation considérable des autres fournitures, gaz, farine ou beurre. La hausse du prix de vente du pain a des limites et ne compense souvent pas l’augmentation du coût des matières premières et de l’énergie. Nombre d’artisans sont alors pris à la gorge, certains menacés de faillite.

Ils sont en fait victimes du racket de la trentaine de fournisseurs d’énergie, dont EDF, Engie, Total­Energie et les « alternatifs », qui se partagent le gâteau de la revente de l’électricité, bien au-dessus de sa valeur. L’explosion du prix de l’énergie avait commencé avant la guerre en Ukraine et s’est accentuée depuis. Elle affecte non seulement les consommateurs individuels, qui subiront en 2023 15 % de hausse de leurs tarifs mais aussi des entreprises de production, grandes ou petites consommatrices d’énergie.

Bruno Le Maire, le ministre de l’Économie, a fait mine de s’indigner du fait qu’« un certain nombre de fournisseurs d’énergie ne respectent absolument pas les engagements qu’ils ont pris au titre de la charte » en octobre dernier. C’est une plaisanterie de mauvais goût. Il n’y avait aucun engagement dans cette charte et le gouvernement est totalement complice de ce vol en bande organisée.

Pour compenser l’envol de leur facture d’électricité, les grandes entreprises, elles, ont guichet ouvert auprès du gouvernement. « L’aide gaz et électricité » financée par l’argent public peut atteindre 150 millions d’euros par entreprise. Les secteurs concernés ne sont certes pas ceux du petit artisan mais ceux de la grande industrie : extraction de houille ou de pétrole, raffinage, fabrication de ciment, aluminium, sidérurgie, chimie, etc.

L’État paye donc à la place des industriels le tribut versé aux trusts de l’énergie, souvent aux mains des mêmes actionnaires. Quant aux aides destinées aux artisans comme les boulangers, elles sont bien plus chiches et contrôlées. Le Maire a juste promis de leur écrire pour les informer du dispositif. Alors que les gros capitalistes reçoivent la galette, le gouvernement tente de rouler les boulangers dans la farine.

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