Pérou : révolte populaire contre la destitution du président21/12/20222022Journal/medias/journalnumero/images/2022/12/2838.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Pérou : révolte populaire contre la destitution du président

Au Pérou, la destitution le 7 décembre dernier du président Pedro Castillo par le Parlement de droite ultra-conservateur ne passe pas. Elle a jeté dans la rue des dizaines de milliers de manifestants qui, dans le tout pays, affrontent les forces de répression.

Pour faire baisser la tension, la nouvelle présidente, Dina Boluarte, a promis d’avancer les élections générales à 2024. Mais le 12 décembre, elle a destitué tous les préfets nommés par Castillo et décrété l’état d’urgence là où les manifestations sont les plus fortes, sans réussir à faire reculer la mobilisation.

Au fil des jours, à Libertad dans le nord, à Trujillo au nord-ouest, à Cuzco, où se trouve le Machu Picchu, les manifestants ont bloqué les routes. À Arequipa, la deuxième ville du pays après Lima, ils ont bloqué l’autoroute panaméricaine. 2 000 manifestants ont envahi les pistes de l’aéroport, bloquant le trafic avant d’être repoussés par la police. Lors de manifestations à Ayacucho, des militaires ont tiré sur les manifestants qui s’approchaient de l’aéroport. Le nombre de blessés envoyés aux centres de santé voisins a paralysé le système hospitalier. À Apurimac, les employés du service public ont cessé le travail.

Les multiples organisations paysannes et syndicales, l’Assemblée nationale des peuples indigènes, des organisations étudiantes sont mobilisées. Les organisations de gauche et d’extrême gauche les soutiennent. Tous exigent la libération du président destitué, actuellement emprisonné, la dissolution du Parlement et de nouvelles élections. Ils y ajoutent la démission de la nouvelle présidente. Les affrontements entre manifestants et policiers n’ont pas toujours été au désavantage des manifestants, mais ils ont aussi été violents et meurtriers. Le bilan provisoire est de 26 morts, dont certains très jeunes, plusieurs centaines de blessés et de nombreuses arrestations.

Sur le continent, quatre gouvernements de centre gauche, au Mexique, en Argentine, en Colombie et en Bolivie, ont affiché un soutien commun à Castillo, victime depuis le début de son mandat en 2021 d’un mouvement « hostile et antidémocratique ». À l’inverse, Washington et l’Union européenne soutiennent la destitution et la nouvelle présidence.

Les soutiens de Castillo, estiment que c’est le Congrès qui a réalisé un coup d’État contre le président et pas l’inverse, comme le prétendent les élus de droite et d’extrême droite. Et Dina Boluarte, ex-vice-présidente de Castillo, ayant accepté de lui succéder, est considérée comme « traître, dictateur et usurpateur ».

Pedro Castillo est le cinquième président ainsi destitué par le Parlement. Mais c’est la première fois que cela déclenche une réaction populaire d’une telle ampleur. Cela, les politiciens corrompus qui entendaient se débarrasser d’un petit instituteur d’origine paysanne et à moitié indien qui leur faisait de l’ombre, ne l’avaient pas prévu dans l’entre-soi de leurs salons privés.

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