Leur société

Incendie de Vaulx-en-Velin : une catastrophe prévisible

L’immeuble du quartier populaire du Mas du Taureau à Vaulx-en-Velin, dans lequel un terrible incendie s’est déclaré dans la nuit du 16 au 17 décembre, était classé parmi les « copropriétés dégradées » en attente de réhabilitation.

une catastrophe prévisible

Comme dans beaucoup de quartiers populaires, les habitants étaient abandonnés à leur sort par les pouvoirs publics. Les issues de secours étaient scellées, ce qui n’empêchait pas les dealers de s’y installer mais a compliqué la fuite des habitants et l’entrée des secours. Comme l’a formulé le frère d’une victime : « Ce drame était prévisible. Quand on se plaignait, à la police ou la mairie, on nous disait de déménager. »

Dix personnes sont décédées, 24 sont blessées, dont quatre grièvement. Mouna, qui avait fui la guerre en Somalie, est morte avec cinq de ses enfants en sautant du quatrième étage. Sans le courage des secours et des voisins, ce bilan aurait pu être encore plus lourd : les témoins racontent avoir vu des pompiers escalader la tour de sept étages par l’extérieur, des voisins apporter une échelle et monter dans l’immeuble pour porter secours aux résidents, ou encore des personnes rattraper en bas un enfant jeté par sa mère du quatrième étage pour lui sauver la vie.

Le jour même, la population de Vaulx-en-Velin a initié un mouvement de solidarité pour venir en aide aux rescapés de l’immeuble. Pour ces 38 familles qui se retrouvent sans logement, les habitants de Vaulx ou d’autres banlieues se sont spontanément rendus à l’école du quartier, puis dans une salle municipale, en y apportant des denrées alimentaires, des vêtements chauds, des couvertures, des couches ou des jouets. Le lendemain, plus de 500 personnes se sont rassemblées devant la mairie pour affirmer leur soutien aux victimes. Et en fin de semaine, une cagnotte en ligne avait déjà recueilli plus de 85 000 euros.

En organisant elle-même l’aide aux victimes, la population de cette ville ouvrière, l’une des plus pauvres du pays, s’est montrée bien plus responsable que les nombreux élus qui sont venus défiler devant les caméras sur les lieux de l’incendie. Pas moins de deux ministres, Gérald Darmanin et Olivier Klein, le président de la région, Laurent Wauquiez, le député LR de la circonscription et le président de la Métropole de Lyon ont réussi à trouver le chemin jusqu’au Mas du Taureau. Depuis le temps que les habitants de ce quartier populaire dénoncent les conséquences de la misère et du chômage, à commencer par l’insalubrité des logements et les trafics de drogue, ils n’avaient jamais vu autant de costumes-cravates officiels.

Quelques jours après l’incendie, le temps du recueillement commence à laisser la place à la colère, des habitants demandant « des actes ! ». Mais les travailleurs ne doivent attendre aucun acte sérieux des politiciens qui leur servent des discours hypocrites après chaque drame mortel.

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