Dans le monde

Antilles : pas de non-lieu pour le chlordécone !

Samedi 10 décembre, un millier de personnes ont manifesté dans les rues de Fort-de-France, en Martinique, contre la requête de non-lieu formulée par le parquet dans l’affaire du chlordécone.

Des associations, dont les Verts, avaient porté plainte il y a plusieurs années, mais la justice a joué la montre si bien qu’il pourrait y avoir prescription. Si les juges suivent l’avis du parquet, personne ne pourra donc être poursuivi !

Ce pesticide interdit en France en 1990 mais autorisé en Guadeloupe et en Martinique jusqu’en 1993 est responsable de l’empoisonnement de la population des Antilles. Ceux qui en payent plus gravement les conséquences sont les ouvriers agricoles des plantations de banane. Ils accumulent dans leur organisme des taux de ce poison parfois dix fois supérieurs au taux jugé tolérable. Les cancers de la prostate et de nombreux cancers chez les travailleuses agricoles sont dus à cet empoisonnement.

Les terres, elles, sont polluées pour plusieurs centaines d’années ainsi que les rivières et même l’eau dite potable. Le littoral des zones reconnues comme polluées est interdit à la pêche, ce qui a conduit beaucoup de pêcheurs à se reconvertir plus ou moins bien. Les produits du sous-sol des zones bananières : igname, malanga, par exemple, sont pollués de même que les animaux d’élevage et les œufs. Les humains le sont aussi, par voie de conséquence.

Les coupables de cet empoisonnement criminel sont connus : ce sont l’État français et quelques riches possédants békés, les descendants de vieilles familles blanches esclavagistes d’autrefois.

Voilà qui nourrit la colère de la population, même si elle ne s’exprime pas encore aujourd’hui aussi massivement que le 27 février 2021 quand 15 000 personnes avaient manifesté dans les rues de Fort-de-France.

Samedi 10 décembre en Guadeloupe, deux manifestations ont eu lieu : l’une était organisée par le collectif pour la réintégration des soignants et rassemblait 400 personnes dont beaucoup militent aussi pour protester contre la requête de non-lieu dans l’affaire du chlordécone. Une autre manifestation a rassemblé une soixantaine de personnes sur la place de la mairie à Pointe-à-Pitre. Elle regroupait certaines associations, groupes politiques et syndicats ayant constitué le « regroupement pour la dépollution de la Guadeloupe » tout comme celui de Martinique qui existe depuis longtemps déjà.

Le 3 décembre, une cinquantaine de travailleurs de la banane s’étaient rassemblés devant la mairie de Capesterre-Belle-Eau en Guadeloupe, la principale ville de la zone bananière polluée. Une prise de parole a permis aux travailleurs agricoles de dénoncer non seulement leur empoisonnement aux pesticides dans les plantations mais aussi les conditions de travail inhumaines dans la banane. Ils ont affirmé leur détermination à poursuivre la lutte pour l’indemnisation des ouvriers du secteur et pour la condamnation des gros planteurs empoisonneurs !

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