Dans les entreprises

Amiante : Sanofi Chimie condamné

Après dix années de procédures juridiques, la société Sanofi Chimie vient d’être condamnée par la cour d’appel de Paris pour « n’avoir pas respecté l’obligation de sécurité lui incombant » en ce qui concerne l’exposition à l’amiante.

Cette condamnation est l’aboutissement d’une plainte déposée en juin 2013 par huit travailleurs de l’usine de Vitry-sur-Seine, à l’initiative du syndicat CGT des retraités de l’établissement pour obtenir réparation du préjudice d’anxiété lié à l’exposition aux poussières d’amiante. Sanofi devra en outre leur verser, au total, 77 000 euros d’indemnisation.

L’exposition à l’amiante, très ancienne à l’usine, a continué jusqu’à la fin des années 1990. À ce jour, d’anciens salariés sont atteints et décèdent encore de pathologies liées à l’amiante. Le bilan est lourd. En prenant comme point de départ l’année 1970, car il n’y a pas de statistiques antérieures, 82 travailleurs ont développé des pathologies amiante et 22 en sont morts. De quoi légitimement inquiéter les collègues qui ont été exposés.

Sanofi a tout tenté depuis le début pour minimiser voire nier sa responsabilité dans cette catastrophe sanitaire. Ainsi, en 2009, le trust s’est opposé à l’inscription de l’usine de Vitry-sur-Seine sur la liste des établissements classés amiante. Cela a pesé lourd, le tribunal refusant d’inscrire l’usine et empêchant plus d’une centaine de salariés de bénéficier d’une préretraite amiante.

Sanofi a ensuite systématiquement persévéré à nier la réalité de cette exposition, lors de chaque procès pour faute inexcusable intenté par des salariés victimes ou par leurs ayants droit. Elle est même allée jusqu’à affirmer par la voix de son avocat : « Certes, la mention exposition potentielle à l’amiante figure bien sur les attestations d’exposition délivrées au départ des salariés de l’usine mais cela ne signifie pas que cette exposition soit avérée. » Cet argument n’a pas empêché la direction de Sanofi d’être condamnée dans chacun des neuf procès engagés au cours du temps pour faute inexcusable.

Bien sûr, cette reconnaissance juridique a un goût amer, car elle n’efface pas les drames passés et ceux encore à venir. Mais elle a au moins le mérite de confirmer au grand jour ce que la direction de Sanofi a toujours voulu cacher : sa responsabilité totale dans ce drame sanitaire de l’amiante.

Partager