OTAN-Russie : la sanction par le pétrole ?07/12/20222022Journal/medias/journalnumero/images/2022/12/2836.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

OTAN-Russie : la sanction par le pétrole ?

Ajoutant à la série de sanctions économiques déjà décidées depuis 2014 par les puissances occidentales pour « punir » la Russie de sa politique, puis de sa guerre en Ukraine, l’Union européenne et le G7, autrement dit les principales puissances impérialistes de la planète, viennent de promulguer un embargo sur le pétrole russe.

Dans la foulée, elles ont aussi interdit aux pays qui n’appliquent pas l’embargo d’acheter du brut russe à plus de 60 dollars le baril, alors que son prix actuel tourne autour de 65 dollars.

Cette double décision est censée rendre financièrement plus difficile au Kremlin la poursuite de la guerre. En effet, le commerce des hydrocarbures représente la principale source de devises de la Russie, des rentrées qui se sont poursuivies à un haut niveau jusqu’à présent.

L’avenir dira à quel point cette décision affectera les finances de l’État russe et éventuellement sa capacité à soutenir son effort de guerre. Mais d’emblée une chose est certaine : sous prétexte de frapper le pouvoir poutinien, l’Occident impérialiste prend des mesures qui, d’une façon ou d’une autre, retombent d’abord et surtout sur de larges couches populaires en Russie.

Car il ne faut se faire aucune illusion : confronté à une baisse de ses revenus, le régime des bureaucrates et des oligarques que préside Poutine fera tout, comme à son habitude, pour en présenter la facture aux masses populaires et ouvrières de Russie. Cela se fera sous la forme d’une nouvelle dégradation des services publics. De plus, les travailleurs craignent la réduction de l’indemnisation du chômage, déjà insuffisante. Elle ne porte que sur les deux tiers du salaire déclaré, dans le cas de salariés travaillant pour des entreprises qui ont fermé ou qui tournent au ralenti du fait des répercussions de la guerre, sanctions occidentales comprises.

Quand le porte-­parole du Kremlin déclare que « de telles mesures n’auront pas d’impact » sur « l’opération spéciale » en Ukraine et que l’économie russe « a toutes les capacités nécessaires » pour la financer, il s’agit certes de propagande à usage intérieur. Mais on a déjà pu constater que la baisse des commandes ouest-européennes a été en partie compensée par des exportations à destination de la Chine, de l’Inde et de la Turquie. Non pas que ces pays aient besoin, pour leur propre industrie, des énormes volumes de gaz et de pétrole concernés, mais parce que ces pays importent des hydrocarbures russes pour en réinjecter une grande partie sur les marchés mondiaux. Certains gros producteurs de pétrole, telle l’Arabie saoudite, y voient même une opportunité en or : ils pourront acheter du pétrole russe à 60 dollars, qu’ils pourront revendre plus cher en le mélangeant au leur ou en en changeant l’étiquette.

Il en va de même pour les affréteurs de tankers et les compagnies qui en assurent les cargaisons.

Les États qui ont décidé l’embargo et le plafonnement du brut russe savent bien sûr tout cela. Mais comme beaucoup d’entre eux, en Europe notamment, n’arrivent pas encore à se passer du pétrole russe, ils ne sont pas forcément mécontents des nombreux trous dans la raquette des sanctions. Et les répercussions qu’elles auront sur les pauvres et les travailleurs de Russie sont bien le cadet des soucis des gouvernants occidentaux qui se gargarisent de mots comme démocratie et droit des peuples.

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