Leur société

Médecins en grève : la santé parent pauvre

Jeudi 1er et vendredi 2 décembre, de nombreux cabinets médicaux étaient fermés dans le pays.

Les médecins généralistes réclamaient la hausse du tarif Sécurité sociale de la consultation de 25 à 50 euros et dénonçaient leurs conditions de travail, avec des horaires de plus en plus longs et un travail administratif de plus en plus important.

Dans une vingtaine de villes, les médecins ont même manifesté nombreux pour exprimer leur ras-le-bol. Le ministre de la Santé, François Braun, a condamné cette grève en déclarant que les médecins ont « des droits mais aussi des devoirs » et en précisant que ces devoirs consistent à assurer aux malades une permanence des soins avec la présence d’un médecin à toute heure. Le ministre vit-il sur une autre planète ? Ignore-t-il l’existence des déserts médicaux et le quotidien des malades qui doivent passer des heures dans les salles d’attente quand ils ont encore la chance d’obtenir un rendez-vous de consultation ?

Tout le monde connaît la situation que dénoncent les médecins généralistes et c’est ce qui explique justement que leur grève n’a pas suscité de réactions d’hostilité dans la population, de nombreux patients affichant même leur soutien. Comme l’a dit l’un d’eux : « Je le vois chez mon médecin, ça devient l’usine. Forcément les gens se disent qu’à la fin les docteurs doivent bien gagner leur vie mais cela n’en fait pas un métier facile. »

Les médecins généralistes ne sont pas les plus mal payés et leurs revenus, même avec une consultation à 25 euros, restent confortables en moyenne. Leur revendication de doublement de la consultation montre comment ils posent le problème. Selon un de leurs syndicats, la consultation à 50 euros serait pour « donner le moyen aux médecins de rester libéraux », sans sembler gêné du fait que ces 50 euros soient à la charge de la Sécurité sociale, donc in fine de la population.

Il reste que, en revendiquant une revalorisation de leurs consultations, les médecins ne font finalement que se battre pour leur pouvoir d’achat comme le font tous les salariés qui d’un secteur à l’autre du pays font grève pour les salaires. D’ailleurs le ministre Braun le reconnaît, qui a déclaré que l’on peut envisager une augmentation de la consultation tout en écartant comme irréaliste le chiffre de 50 euros.

La situation dans laquelle se trouvent les généralistes, et donc leurs patients aujourd’hui, n’est jamais qu’une conséquence des politiques d’austérité des gouvernements depuis des dizaines d’années, tant pour la médecine de ville que pour les hôpitaux, au bord du gouffre. Que les médecins généralistes conventionnés soient mieux rétribués n’aurait rien de choquant mais le coût ne devrait pas en retomber sur les patients par de nouveaux déremboursements de médicaments ou autres mesures analogues.

C’est pourtant dans ce sens que le gouvernement va, ne serait-ce qu’avec son dernier budget de la Sécurité sociale, voté au forceps du 49.3, un budget qui n’envisage même pas que les trusts de la pharmacie soient mis à contribution. Il faut des milliards pour la santé, et vite, et c’est dans les caisses des trusts pharmaceutiques qu’il faut les prendre.

Partager