Pédiatrie : elle a dit la vérité, le ministre est “choqué”16/11/20222022Journal/medias/journalnumero/images/2022/11/2833.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Pédiatrie : elle a dit la vérité, le ministre est “choqué”

« Actuellement on soigne mal nos enfants. On ne peut pas tous les hospitaliser. On est obligé de trier nos enfants », a déclaré sur RTL Julie Starck, médecin pédiatre réanimatrice de l’hôpital Trousseau de Paris, interrogée sur la situation dramatique dans les services de pédiatrie face à l’épidémie de bronchiolite.

Le ministre de la Santé, François Braun, s’est dit choqué, non du fait ainsi dénoncé, mais du mot utilisé. Braun trouve le mot « tri » inadmissible et ajoute : « Je ne laisserai pas dire qu’on décide de qui on laisse vivre ou mourir. » Il brandit même la menace d’une enquête : « Si jamais de telles pratiques déviantes étaient avérées, des conclusions en seraient tirées ».

Le ministre a reçu le soutien de son prédécesseur, Olivier Véran, devenu porte-parole du gouvernement : « Le tri n’existe pas… qu’il s’agisse de nourrissons, d’enfants ou de vieillards », a-t-il dit. À l’époque, le même Véran avait déjà affirmé, niant l’évidence, qu’on ne triait pas les malades du Covid ! Et il ose rajouter qu’il y a là « une organisation des soins graduée et différenciée en fonction de la charge sanitaire dans un endroit ».

Quand les ministres mentent, les médecins et le personnel de santé dénoncent la réalité du manque de moyens dans les hôpitaux. Aujourd’hui, c’est la crise des services d’urgence de pédiatrie, mais hier c’était le Covid et encore à d’autres moments les épidémies de grippe. Chaque fois, faute de personnel et de moyens, il faut trier. Le dire n’est que dénoncer la réalité due à des années d’économies scandaleuses qui ont démoli l’hôpital, mais c’est bien ce qui gêne les ministres.

Braun et Véran choisissent de polémiquer sur le mot de « tri » pour mieux refuser de discuter des vrais problèmes et noyer le poisson. Et ce ne sont pas le Plan blanc et l’enveloppe de 400 millions d’euros annoncés par Braun qui changeront la réalité. Pour l’hôpital, il faudrait des milliards, et ceux-là le gouvernement les attribue à l’armée, dont le budget en 2023 est de 43,9 milliards d’euros en augmentation de 3 milliards. Mais cela ne choque ni Braun ni Véran.

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