Cyril Hanouna : touche pas à mon boss16/11/20222022Journal/medias/journalnumero/images/2022/11/2833.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Cyril Hanouna : touche pas à mon boss

Le 10 novembre, Cyril Hanouna, animateur vedette d’une émission du groupe Canal, a piqué un coup de sang contre un de ses invités, Louis Boyard.

Ce dernier, ex-invité rémunéré de l’émission devenu député LFI, a en effet commis le crime des crimes, dire quelques vérités sur le propriétaire de la chaîne, Vincent Bolloré.

Il a affirmé, ce que tout le monde sait, que Bolloré a fait sa fortune en Afrique, sans même préciser qu’il l’a fait au prix du sang, de l’exploitation et des dictatures. Boyard a encore eu le temps de rappeler cette évidence que Bolloré a lancé, soutenu, fabriqué et donné continûment la parole au raciste Zemmour durant toute la période de l’élection présidentielle. Hanouna a alors couvert Boyard d’injures et l’a contraint à quitter le plateau avec un argument venu du fond du cœur : « On ne crache pas dans la main qui vous nourrit ! »

Hanouna avait sans doute compris que pour garder son poste il devait hurler ce que tous les médias susurrent d’ordinaire : on dit ce qu’on veut, mais pas touche au capital ! Avec la franchise du mafioso fidèle au boss qui l’entretient, il a défendu celui-ci toutes dents dehors. Ses collègues plus expérimentés savent faire mine, parfois, d’égratigner ici ou là un grand capitaliste pour mieux défendre le système dans son ensemble. La plupart de ces commentateurs autorisés et bien coiffés se sont d’ailleurs offusqués de la forme, des injures proférées par Hanouna, et se sont bien gardés de se prononcer sur le fond.

Les chaînes de télévision et de radio, les journaux et les magazines, tous les moyens d’information, de distraction et de culture sont détenus par une poignée de milliardaires, dont Bolloré, ou par l’État qui est à leur service. Les médias défendent leurs intérêts, leur ordre, leurs affaires et leur morale, en grand et au détail. Hanouna défend Bolloré comme Le Figaro défend son propriétaire l’avionneur Dassault et comme Les Échos défendent le leur, le multimilliardaire Arnault. Tous défendent en chœur la propriété privée et chacun le fait avec son style. Celui d’Hanouna pourrait lui valoir, en plus de la dés­approbation de ses collègues, le César de chien de garde du capital 2022, catégorie molosses. Mais ce titre est âprement disputé…

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