Dans le monde

Israël : l’extrême droite toujours plus forte

Arrivée en tête des élections législatives du 1er novembre, la coalition constituée par Benjamin Netanyahou sera en situation de constituer un gouvernement qui devrait être le plus à droite de toute l’histoire d’Israël, avec des ministres ultrareligieux et ouvertement racistes.

Dirigeant du Likoud, principal parti de droite, Netanyahou retrouvera donc le poste de Premier ministre qu’il avait occupé sans interruption pendant douze ans. Il avait été écarté du pouvoir par la victoire aux précédentes élections législatives, en juin 2021, d’une coalition regroupant des partis de droite, d’extrême droite, de gauche avec les travaillistes et le Meretz, et une organisation islamiste arabe. Quels que soient les domaines, ces partis n’avaient fait que continuer la politique de Netanyahou, poursuivant la colonisation de la Cisjordanie et de Jérusalem-Est, se livrant à des opérations militaires contre la bande de Gaza et aggravant la répression à l’encontre des Palestiniens de Cisjordanie. Beaucoup d’électeurs de droite ont probablement été convaincus que, dans un contexte de tensions de plus en plus fortes, il valait encore mieux ramener Netanyahou au pouvoir puisque, de toute façon, la politique menée était la même.

Ces élections ont confirmé la disparition presque totale de la gauche de la scène politique. Après avoir été très longtemps hégémonique, le parti travailliste, réunissant péniblement un peu plus de 3 % des voix, a failli perdre toute représentation parlementaire pour la première fois de son histoire. Il est le premier responsable de cet inexorable déclin, ayant contribué par sa politique à renforcer les forces les plus réactionnaires. Dès la fondation d’Israël, ses dirigeants, qui se revendiquaient pourtant du socialisme, ont cherché à obtenir le soutien des autorités religieuses juives en leur laissant le contrôle de l’état civil, des mariages, et d’une grande partie de la vie sociale. Après la guerre des Six-Jours en 1967 et l’occupation de la Cisjordanie et de Gaza, les travaillistes ont encouragé l’installation des premières colonies juives. Ce mouvement de colonisation a constitué un foyer de développement de la droite religieuse et d’une extrême droite de plus en plus radicale et violente, qui ont finalement été capables d’évincer les travaillistes du pouvoir.

Cette évolution a conduit au renforcement des partis religieux et ultra nationalistes comme ceux de la liste Sionisme religieux, devenu avec 10 % des voix la troisième force politique. L’un de ses dirigeants, Itamar Ben Gvir, exprime ouvertement son racisme antiarabe, prône l’annexion de la Cisjordanie, l’expulsion des arabes israéliens jugés « déloyaux ». Pour gouverner, Netanyahou aura besoin du soutien de ces partis et devra les intégrer dans son gouvernement. Pour leur donner des gages, il a annoncé une réforme de la justice. Il y a d’ailleurs un intérêt direct puisque cela lui permettra probablement de mettre un terme au procès dans lequel il est accusé de corruption, fraude et abus de confiance. Mais, en renforçant le pouvoir du parlement et en retirant des prérogatives à la Cour suprême, une telle réforme viserait aussi et surtout à réduire les droits des Arabes, des femmes, des homosexuels, de tous ceux qui sont dans le viseur des ultrareligieux.

Les Palestiniens, victimes de la répression et dont les droits sont bafoués, sont les premières victimes de cette évolution. Mais la population israélienne paye elle aussi un prix de plus en plus lourd par le renforcement des idées et des organisations réactionnaires d’extrême droite, confirmant ainsi qu’un peuple qui en opprime un autre ne peut pas être un peuple libre.

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