Dans le monde

Substances chimiques toxiques : vous en reprendrez bien un peu…

La Commission européenne a reporté pour la deuxième fois l’adoption de son plan d’interdiction de 7 000 substances chimiques toxiques à la fin de l’année 2023. Pour nombre de journalistes et d’associations, il s’agit d’un enterrement pur et simple.

Ces dernières années, de nombreux scandales ont éclaté concernant les poisons fabriqués par les trusts de l’industrie chimique, comme le bisphénol A. D’après l’Agence européenne pour l’environnement, 74 % des 300 millions de tonnes de marchandises chimiques produites en Europe sont dangereuses pour la santé et l’environnement. Les phtalates, bisphénols, parabens, éthers de glycol, etc. sont présents partout : dans les jouets, biberons, tétines, emballages alimentaires, vêtements, meubles, appareils électroménagers, produits d’entretien… Pire encore, un cinquième de ces substances chimiques sont classées potentiellement cancérogènes, mutagènes et toxiques.

Face à l’émotion que sa décision suscite, la Commission européenne avait fait mine de taper du poing sur la table, d’où ce plan d’interdiction. Mais, d’après UFC-Que choisir, il n’aurait sans doute pas changé grand-chose, car la Commission n’avait prévu que très peu de moyens de la contrôler et la faire appliquer.

Si limité que soit ce plan, il était quand même trop contraignant pour les trusts européens de la chimie, comme Bayer ou BASF. Ceux-ci ont donc informé la Commission qu’il fallait arrêter tout de suite le projet. Pour justifier le report, celle-ci a alors agité comme d’habitude le chiffon rouge de la guerre en Ukraine, qui « fait peser des charges supplémentaires sur la compétitivité de l’industrie », comme l’a déclaré Thierry Breton, le commissaire européen à l’Industrie. Et voilà comment le « pacte vert pour l’Europe » se fracasse contre les intérêts des industriels.

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