Lycées parisiens : des fermetures inadmissibles02/11/20222022Journal/medias/journalarticle/images/2022/11/P6-1_Dans_la_manif_du_18_octobre_C_LO.jpg.420x236_q85_box-0%2C2%2C800%2C451_crop_detail.jpg

Leur société

Lycées parisiens : des fermetures inadmissibles

Pécresse, présidente de la région Île-de-France, doit annoncer le 8 novembre, avec l’accord du ministère de l’Éducation nationale, la fermeture à la rentrée de septembre 2023 de sept lycées sur Paris.

Illustration - des fermetures inadmissibles

Six lycées ou sections professionnelles sont visés : Charles-de-Gaulle, Valadon, Carrel, Brassaï, l’annexe de Théophile-Gautier et celle du lycée Lucas-de-Nehou, ainsi que le lycée général Brassens.

Les élèves de ces lycées, et les collégiens qui auraient dû les rejoindre à la rentrée, vont être éparpillés dans d’autres établissements, loin de chez eux, dans des ateliers parfois inadaptés et dans des classes souvent déjà trop pleines. Quant au personnel, les contractuels risquent le chômage, les titulaires d’être renommés sur plusieurs établissements, ou même de devoir changer de métier. Dans la vingtaine d’établissements qui vont recevoir un surplus d’élèves, les conditions d’étude vont se dégrader brutalement ou d’autres filières vont être fermées.

Des premières réactions ont eu lieu. Au lycée Élisa-­Lemonnier, dans le 12e arrondissement, sous prétexte d’accueillir trois classes d’un lycée professionnel qui va fermer, le rectorat veut imposer la fermeture des neuf classes du lycée général. La majorité des professeurs ont débrayé pendant deux jours, pour participer à la manifestation du 18 octobre et aller demander des comptes au rectorat. Des élèves ont spontanément organisé un piquet d’information devant le lycée, pour entraîner leurs camarades. Les parents ont lancé une pétition.

En fait, ce jeu de chaises musicales, où l’État et la région retirent d’un coup un grand nombre de chaises, est un bon coup financier. Les locaux libérés vont être vendus ou loués à prix d’or, les salaires économisés compenseront le « pognon de dingue » que les pouvoirs publics versent au grand patronat.

Mais ces fermetures s’inscrivent dans une attaque plus générale contre l’éducation. À nouveau menacé par une réforme, l’enseignement professionnel va devenir un apprentissage au rabais. Les jeunes seront entassés dans une poignée de gros établissements où il n’y aura presque plus de cours de matières générales (français, histoire...). Ils serviront de main-d’œuvre gratuite pour les entreprises locales, lors des stages. Le reste du temps, ils suivront une formation dictée directement par ces entreprises, sans aucune garantie d’embauche à la fin. Une fois diplômés, s’ils veulent ou doivent changer d’entreprise ou de métier, déménager, cela leur sera plus difficile car il leur manquera la culture et les compétences professionnelles multiples nécessaires.

S’il fallait une illustration que la réforme de la voie professionnelle est en fait la liquidation de l’éducation pour les jeunes travailleurs, l’État et la région Île-de-France la fournissent en fermant préventivement ces six lycées professionnels à Paris en 2023 et, d’après Le Parisien, une dizaine d’ici 2024.

La grève du 18 octobre a été un succès particulièrement dans l’enseignement professionnel. La riposte est à l’ordre du jour et pourrait commencer mardi 8 novembre, jour de l’annonce officielle des fermetures de lycées, où une intersyndicale appelle à la grève. Un rassemblement est organisé à 9 heures devant le conseil régional d’Île-de-France.

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