Dans les entreprises

Hôpital Lariboisière – Paris : se battre pour les salaires, c’est se battre pour les embauches

Depuis deux ans, les départs d’infirmiers et d’aides-soignants de l’hôpital Lariboisière, à Paris, n’ont pas cessé. Dans de nombreux services d’hospitalisation, comme en Cardiologie, l’équipe tourne avec une dizaine de postes d’infirmiers non pourvus.

La direction affirme ne pas avoir les candidats à recruter, alors la seule solution qu’elle trouve est de fermer des pans entiers de services : un étage de douze lits en Neurologie, un étage en ORL… Ou encore, récemment, une dizaine de lits de Médecine. Vu le manque chronique de personnel, l’encadrement cherche en permanence à faire faire des heures supplémentaires. Des cadres démarchent infirmiers ou aides-soignants en invoquant la conscience professionnelle et la solidarité avec leurs collègues.

Depuis l’instauration de la « grande équipe » en 2015, les infirmiers et les aides-soignants peuvent être de service le matin ou l’après-midi. Dans certains services, les collègues sont placés du matin ou du soir, au gré des trous dans les plannings, sans que les cadres se soucient de la fatigue que ce yo-yo entraîne pour eux. Plus il manque de personnel, et plus le planning change au fil des jours.

La direction de l’hôpital a ainsi beau jeu de proposer de passer en horaire de 12 heures dans les services d’hospitalisation les plus désorganisés. En deux ans, plusieurs services y sont passés : la Maternité, puis la Neurochirurgie, suivis tout récemment par la Neurologie, l’ORL et les Urgences. L’encadrement s’appuie sur le désir de certains soignants de venir moins souvent à l’hôpital, et affirme que les candidats à l’embauche seront plus nombreux. Tant pis pour ceux qui ne veulent ou ne peuvent pas suivre : de nombreux soignants, de jour et surtout de nuit, souvent opposés au passage en 12 heures, n’ont eu d’autre choix que de changer de service ou d’hôpital.

Les 12 heures sont présentées par l’encadrement et la direction comme la solution miracle. En réalité, elle a fait ses comptes, et cette réorganisation lui permet de faire tourner les services avec encore moins de personnel. La direction ne se soucie pas de faire courir encore plus de risques aux soignants comme aux patients.Quant au bilan pour ceux passés en 12 heures, il n’est pas si brillant : les candidats ne se bousculent pas et il reste de nombreux postes non pourvus. Les roulements déçoivent souvent car les repos ne sont pas toujours accolés. De plus, finir le travail ou le commencer à 19 heures empiète largement les possibilités de profiter du temps libre, sans parler de la fatigue d’une telle journée de travail.

Dans tous les hôpitaux, la direction prétend qu’elle n’arrive pas à recruter. Mais si elle voulait vraiment le faire, elle commencerait par augmenter immédiatement les salaires des soignants de plusieurs centaines d’euros, titulariserait les nombreux aides-soignants actuellement en CDD et financerait la formation professionnelle des AS qui souhaitent devenir infirmiers. Enfin, si les pouvoirs publics avaient réellement à cœur de recruter pour les hôpitaux, ils ouvriraient immédiatement des milliers de places dans les écoles de soignants pour accueillir les candidats.

Tout cela, seule la lutte des travailleurs des hôpitaux en lien avec le reste du monde du travail pourra l’imposer. La lutte pour les salaires et celle pour les embauches sont liées.

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