France-Allemagne : chacune dans sa bulle26/10/20222022Journal/medias/journalnumero/images/2022/10/2830.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

France-Allemagne : chacune dans sa bulle

La situation des deux pays face au prix du gaz est très différente.

L’Allemagne importait jusqu’à présent environ 100 milliards de mètres cubes de gaz par an de Russie, qui arrivaient directement par gazoducs. En France en revanche, la consommation est environ de la moitié et l’essentiel vient de Norvège et de divers pays, la Russie étant minoritaire. Ce gaz arrive essentiellement par GNL, gaz naturel liquéfié, transporté par des navires spéciaux, les méthaniers, à la température de moins 163 degrés.

Pour effectuer ce type de transport il faut d’abord, dans les pays fournisseurs, des usines de liquéfaction du gaz, qui coûtent au minimum un milliard de dollars l’unité, ensuite des navires méthaniers, très chers eux aussi, et à l’autre bout des usines de regazéification du GNL. Il en existe une trentaine en Europe mais, jusqu’à une date récente, aucune en Allemagne, qui n’en n’avait pas besoin grâce au gazoduc russe.

L’Allemagne est en train de construire à toute allure une de ces usines et de louer des usines flottantes, car il en existe aussi. Seulement les fournisseurs, parmi lesquels un des plus gros est TotalEnergies, profitent évidemment des circonstances pour faire grimper les prix autant qu’ils le peuvent. Total possède ainsi des usines ou des participations dans la fabrication du GNL, une flotte de plus de vingt méthaniers, et en loue d’autres si nécessaire, ainsi que des usines de regazéification.

Et à côté de cela il possède des équipes de traders répartis dans plusieurs centres mondiaux, dont le rôle consiste, comme l’écrit Total, à « rediriger les cargaisons en fonction des opportunités de la demande et des prix ». Autrement dit : si ce n’est pas suffisamment cher en Allemagne, eh bien le navire de GNL est envoyé en Chine ou au Japon.

On comprend que les industriels allemands imposent à leur gouvernement de ne pas manquer de gaz. Quant à Total, comme les autres fournisseurs, il s’empiffre grâce à cette situation. Le couple franco-allemand fonctionne bien quand il n’y a aucun problème, mais en cas de difficulté c’est chacun pour soi.

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