Crise de la pédiatrie : les enfants en danger26/10/20222022Journal/medias/journalarticle/images/2022/10/P7-1_Doudou_qui_tousse_ok_Lupo.jpg.420x236_q85_box-0%2C56%2C600%2C394_crop_detail.jpg

Leur société

Crise de la pédiatrie : les enfants en danger

« Mise en danger des enfants », « retard de soins », « triage des patients par manque de place », « inaction politique irresponsable » : ce sont les termes employés dans une tribune publiée par la presse et destinée à tirer la sonnette d’alarme quant au manque de moyens pour la prise en charge des enfants malades.

Illustration - les enfants en danger

Plusieurs milliers de professionnels du secteur, dont des chefs de services hospi­taliers, ainsi que des ­parents de jeunes patients, ont signé ce texte décrivant la crise qui touche les services pédiatriques, les obligeant à hospitaliser des bébés atteints de bronchiolite à plusieurs centaines de kilomètres du domicile familial.

Un pédiatre hospitalier s’alarme : « L’hiver est devant nous, et le système est déjà au bord de l’explosion. » Il dénonce : « Ce n’est pas l’épidémie de bronchiolite, prévisible et habituelle, qui est en cause : les ressorts de cette crise sont bien plus profonds. »

En effet, ce n’est pas la première année que ces transferts de bébés, notamment depuis l’Île-de-France vers d’autres régions, ont lieu. Cette crise est à relier à toutes celles qui ont secoué le monde hospitalier ces dernières années. En 2019, les soignants des services d’urgence, puis en 2020 ceux de tout le système hospitalier et récemment ceux de psychiatrie, entre autres, ont manifesté, fait grève et dénoncé inlassablement et ouvertement le manque de moyens.

L’étranglement financier des hôpitaux – car les budgets en hausse sont réservés aux aides aux grandes entreprises – fait des dégâts au long terme. Par ricochet, il aboutit au découragement des travailleurs hospitaliers en poste, qui démissionnent des hôpitaux publics. En effet il leur est de plus en plus compliqué de faire face aux tâches ordinaires de soins avec humanité, quand ils courent d’un patient à un autre, qu’il manque de lits et même de matériel de base.

Les ministres de la Santé, tout en reconnaissant du bout des lèvres les difficultés impossibles à cacher des services hospitaliers, sont complètement incapables d’y faire face tant c’est tout le système qui est en faillite.

Véran, ancien ministre de la Santé et actuel porte-parole du gouvernement, a évoqué le déclenchement de « plans blancs ». Ce qui équivaudrait à réquisitionner les travailleurs des services hospitaliers de pédiatrie, les privant de repos.

La réponse de Braun, le ministre actuel, est de débloquer en urgence 150 millions d’euros pour la pédiatrie, ce qui de l’avis de tous les professionnels est bien trop peu, quand le budget général des hôpitaux prévu pour l’an prochain est annoncé en recul de 2 % compte tenu de l’inflation officielle.

Parallèlement, Braun fait la morale aux parents qui ont l’outrecuidance d’amener leur petit qui respire mal directement aux Urgences pédiatriques, plutôt que de patienter longuement au téléphone en faisant le 15 ou de s’adresser à un pédiatre de ville, n’existant pas dans des zones de plus en plus étendues de déserts médicaux.

Finalement, ce minis­tre a sorti de son chapeau des « assises de la pédiatrie » pour le printemps prochain, ce qui fait une belle jambe à ceux, soignants, parents et bébés qui sont aujourd’hui confrontés à l’épidémie de bronchiolite. Après un Ségur, une mission flash, et une grande concertation, un chef de service résume ainsi les annonces dilatoires du gouvernement : « Ça relève presque de la provocation pour ceux qui, sur le terrain, se confrontent à cette crise. » Espérons que les hospitaliers porteront cette crise dans la rue, pour que la pression maximale s’exerce sur le gouvernement.

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