Continental – Sarreguemines : grève et coup de colère salutaires26/10/20222022Journal/medias/journalarticle/images/2022/10/P12-2_Continental-2_C_LO.jpg.420x236_q85_box-0%2C56%2C600%2C394_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Continental – Sarreguemines : grève et coup de colère salutaires

Du lundi 17 au jeudi 20 octobre, l’usine de pneumatiques Continental à Sarreguemines, en Moselle, qui compte 1 600 salariés, a été paralysée par la grève unanime des travailleurs.

Illustration - grève et coup de colère salutaires

La grève a démarré spontanément lundi 17 à 21 heures, quand les travailleurs ont appris ce qui était sorti de la réunion entre direction et syndicats à propos des augmentations de salaire : 0 % et une prime de 500 euros. Une centaine de travailleurs sont alors restés toute la nuit devant les portes de l’usine pour attendre leurs camarades de l’équipe du matin, qui les ont rejoints dans la grève. Puis l’équipe d’après-midi a, à son tour, pris le chemin de la grève. Cette unanimité a montré la force collective des travailleurs.

Mardi 18 à midi, les syndicats (CFTC, CGT, CFDT, CFE-CGC) ont tenu une assemblée devant les grévistes présents sur le parking de l’usine pour relayer un premier recul de la direction : 2,3 % d’augmentation. L’annonce a été suivie d’un grand silence, avant d’être sifflée, tandis que la suppression de la prime de 500 euros, proposée la veille, était ressentie comme une nouvelle provocation. Le directeur a tenté pendant un jour et demi de convaincre les travailleurs d’accepter ses 2,3 %, en organisant cinq réunions successives sur les trois postes. Mais les travailleurs étaient déterminés à poursuivre leur grève.

Mercredi 19 octobre au matin, le directeur est venu une dernière fois sur le parking : les travailleurs étaient de plus en plus en colère et ont pris à partie les syndicats. De façon bien significative, c’est le directeur lui-même qui a pris la défense des syndicats contre les travailleurs ulcérés. Dès lors, le directeur n’est plus sorti. Et la grève a continué, toujours massive et unanime.

Sentant qu’ils risquaient de se couper profondément des travailleurs et que la grève pouvait leur échapper, les dirigeants syndicaux ont alors envoyé leurs délégués de base relayer le principe d’une augmentation la plus modeste possible, prétendant que c’était la revendication du poste précédent ou de l’atelier voisin. Puis, dans la soirée, ils se sont excusés publiquement pour dire qu’ils n’avaient pas été à la hauteur… tout en préparant leur mauvais coup du lendemain.

En effet, jeudi 20 octobre à 9 h 30, les dirigeants syndicaux ont annoncé aux grévistes que la direction cédait une augmentation de 4 % et qu’il fallait reprendre le travail dès 11 heures. Ils ont pu ainsi profiter du fait qu’il n’y avait ni assemblée générale des travailleurs eux-mêmes, ni vote, pour imposer cela sans discussion. Cet ordre a été suivi de la rentrée dans l’usine de tous les responsables syndicaux bien avant 11 heures. Cela a mis fin à la grève, malgré le fait qu’un certain nombre de travailleurs ont manifesté leur mécontentement en restant en grève jusqu’en fin de poste.

Cette grève massive a permis d’obtenir une augmentation de salaire que la direction n’avait certainement pas prévue. Les travailleurs sont fiers d’avoir réagi collectivement et ainsi montré leur force. Depuis, les discussions vont bon train avec le sentiment bien présent chez les travailleurs qu’il faudra remettre ça. Même s’il reste à trouver le chemin pour que, les prochaines fois, les travailleurs décident eux-mêmes de leurs revendications et de leur lutte.

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