Chine : face à la pression américaine26/10/20222022Journal/medias/journalnumero/images/2022/10/2830.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Chine : face à la pression américaine

Le 20e congrès du Parti communiste chinois s’est clôturé samedi 22 par la nomination sans surprise de Xi Jinping pour un troisième mandat à la tête du parti unique, de l’État et de l’armée.

Mais ce qui est notable, c’est que le congrès s’est déroulé avec, en filigrane, la pression croissante des États-Unis sur la Chine.

Ainsi, à la veille du congrès du PCC, l’équipe de Biden affirmait : « Notre priorité est de conserver notre avantage compétitif sur la Chine » ; que « La République populaire de Chine est le seul compétiteur qui a l’intention de reformater l’ordre international, et qui possède aussi, de plus en plus, le pouvoir économique, diplomatique, militaire et technologique pour parvenir à ses fins. » Le jour de l’ouverture du congrès, le 16 octobre, le New York Times décrivait le quasi-embargo que l’État américain allait décréter sur la fourniture à la Chine de puces de haute technologie, de leurs composants et des technologies permettant de les fabriquer.

Cette politique de Biden est un tour de vis supplémentaire dans la politique de pressions contre la Chine développée par ses prédécesseurs. Alors que les puissances occidentales ont profité à partir des années 1990 du marché intérieur chinois qui s’ouvrait et s’élargissait, de sa main-d’œuvre sous-payée et encasernée dans les zones économiques spéciales, les États-Unis ont toujours voulu contrôler son développement, le voyant de plus en plus comme celui d’une puissance émergente qu’il fallait brider pour qu’elle continue à servir d’abord leurs intérêts. Bush et Obama ont ainsi voulu l’endiguer, en envoyant la flotte américaine en mer de Chine et à Taïwan. Et Trump avait déclenché la guerre des tarifs douaniers. Ce qui n’a jamais empêché les médias en Occident d’inverser les rôles, en présentant la Chine comme l’agresseur.

Xi Jinping s’est appuyé lors du congrès sur les pressions américaines pour justifier auprès des Chinois sa politique plus nationaliste et plus militariste, en déclarant : « La sécurité nationale constitue le fondement du renouveau de la nation » et en laissant au second plan le développement économique. Car, sur le plan intérieur, les contradictions s’aggravent. Le régime, qui n’est pas avare de discours sur la « fin de la pauvreté absolue », peut difficilement cacher des inégalités devenues criantes. La bourgeoisie chinoise est maintenant forte de 1 000 milliardaires et de plus de 6 millions de millionnaires en dollars. En connexion intime avec les hautes sphères de la bureaucratie, elle met la main sur une fraction croissante des richesses, alors qu’en même temps 20 % des jeunes travailleurs des villes sont au chômage et que, selon l’aveu de l’ex-Premier ministre Li Keqiang en 2020, 600 millions de Chinois doivent vivre avec moins de 150 euros par mois. Si les provinces côtières se sont bel et bien développées, autour des grandes métropoles comme Shanghaï et Pékin, ce n’est pas le cas des campagnes, qui restent bien arriérées. Quant à l’avenir, il se dessine comme partout sur la planète capitaliste : sombre.

La promesse d’un avenir prospère est donc de moins en moins crédible. C’est pourquoi le pouvoir joue sur d’autres cordes. Xi Jinping s’est ainsi fait une popularité dans la lutte contre la corruption, attrapant des « mouches », des petits fonctionnaires, et des « tigres », des plus gros, faisant condamner 1,5 million de membres du parti, dont de nombreux fonctionnaires de province, ce qui lui a permis au passage de dissoudre nombre de factions concurrentes.

Sous cet aspect, le congrès a été l’occasion pour Xi Jinping de renforcer le pouvoir de son clan, en mettant en scène la sortie, forcée et sous les caméras, de Hu Jintao, président de la République populaire de Chine entre 2003 et 2013. Xi Jinping avait auparavant critiqué les directions précédentes du parti, jugées trop laxistes avec les puissances et les entreprises occidentales. Il a remplacé par des proches dans les instances dirigeantes les hommes liés à ces équipes passées, ce qui fait dire à la presse occidentale que des « faucons », des va-t-en guerre dans la question de Taïwan, sont désormais aux postes de commande. Ce qui est certain, c’est que le pouvoir chinois utilise surtout cette question pour jouer sur la corde nationaliste et tenter d’enrégimenter la population.

Le « socialisme aux caractéristiques chinoises », en réalité le capitalisme à la chinoise, ne présente pas plus d’avenir pour les travailleurs et les plus pauvres de Chine que le capitalisme à l’occidentale. Mais il représente pour l’impérialisme occidental un concurrent qu’il faut au moins contenir, sinon réduire. Et, d’expérience, on sait qu’il ne recule pas devant les moyens.

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