Hongrie : une direction de combat à l’œuvre12/10/20222022Journal/medias/journalnumero/images/2022/10/2828.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Hongrie : une direction de combat à l’œuvre

Samedi 1er octobre, le syndicat des travailleurs de l’usine Continental de Mako, 1 700 travailleurs, qui avait conduit un mouvement de grève en février-mars 2022, avait programmé, en liaison avec le journal contestataire Mercé, la projection du film, « Les Contis », qui raconte la grève des travailleurs de Continental Clairoix en 2009, face à l’annonce de la fermeture de leur usine.

Les travailleurs avaient invité le réalisateur du film et un des protagonistes du mouvement et cela a provoqué une réaction violente de la direction de l’usine. Le directeur a mené campagne contre cette projection, il a fait arracher systématiquement les affiches l’annonçant et a mis en garde les travailleurs qui voulaient y assister, disant, non seulement qu’il y avait des risques d’affrontements, mais qu’ils seraient fichés. De plus, il a programmé une séance exceptionnelle de travail ce samedi normalement non travaillé et, pour ajouter à l’ambiance, il a fait installer une demi-douzaine de voitures de gardiennage à l’entrée de l’usine, mise ainsi en état de défense puisqu’elle était, disait-il, « menacée d’attaque ». Enfin, ce même directeur a envoyé une lettre de 15 pages à tous les directeurs d’usines de Continental en Hongrie pour dénoncer cette projection, « où assisterait un élément criminel venu de France et qui prouvait la dangereuse radicalisation du syndicat de Mako ». Le directeur affirmait vouloir saisir la police, le gouvernement et le ministère de l’Intérieur !

Il faut dire qu’en février-mars, le syndicat de Mako a conduit une grève pour contrer la volonté de la direction de dénoncer la convention collective qui régissait les droits des travailleurs dans l’usine. Ce mouvement, qui a dû suivre les modalités prévues par la loi, a abouti à une grève totale suivie par l’immense majorité des travailleurs. En mars, la direction a dû annuler son projet, mais, pour se venger, elle a procédé sur quelques semaines, en mai et juin, au licenciement des cent principaux animateurs du mouvement. Sous une série de prétextes futiles, il s’agissait bel et bien de licenciements pour fait de grève.

Les patrons de tous les pays se ressemblent sans doute, mais cet incident en dit long sur l’atmosphère que certains font régner au pays d’Orban.

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