Budget 2023 : encore moins pour ceux qui n’ont rien12/10/20222022Journal/medias/journalarticle/images/2022/10/P4-2_Manif_2909_C_LO.jpg.420x236_q85_box-0%2C31%2C600%2C369_crop_detail.jpg

Leur société

Budget 2023 : encore moins pour ceux qui n’ont rien

Le projet de loi de finances 2023, c’est-à-dire le budget prévisionnel de l’État, est en débat devant les députés depuis le 10 octobre. L’effet théâtral de la discussion parlementaire est cette année renforcé car le gouvernement ne dispose pas de la majorité absolue.

Illustration - encore moins pour ceux qui n’ont rien

Il sera peut-être de ce fait obligé de faire usage de l’article 49-3, c’est-à-dire de faire adopter son projet sans vote des députés.

Au-delà du jeu de rôles parlementaire, ce projet de budget ressemble comme un frère à tous ceux qui l’ont précédé en cela qu’il prend aux pauvres pour donner aux riches. En effet, la principale ressource budgétaire réside dans les impôts sur la consommation, dont la TVA et la taxe sur les produits pétroliers, c’est-à-dire dans les contributions indirectes extorquées aux familles, si démunies soient-elles.

Hormis l’éducation scolaire, qui concerne tout de même douze millions d’élèves et un million de salariés, les principaux postes de dépenses sont les subventions directes ou indirectes aux capitalistes. Il y a évidemment toutes les mesures du « sauver les profits quoi qu’il en coûte », toutes les subventions, les prêts garantis, les crédits d’impôts, les aides multiples. Il y a aussi, depuis toujours, le budget militaire, encore augmenté de trois milliards cette année, véritable rente pour les Dassault, Thales et autres Navalgroup ou Nexter.

Dans ce cadre général, l’inflexion est mise depuis des dizaines d’années sur les économies aux dépens des services publics utiles à la population. Et ce gouvernement n’y déroge pas, l’augmentation du budget de l’Éducation nationale, microscopique au regard des besoins, le démontre. L’État prévoit par exemple de dépenser 190 millions d’euros en 2023 pour la protection de l’enfance et augmente de 500 millions les crédits pour les munitions de guerre.

Et puis, alors que les ministres et leurs soutiens prétendent être comptables de chaque euro d’argent public, alors qu’ils somment les travailleurs d’économiser sur le chauffage, voire sur le transport et la nourriture, ils vont tranquillement dépenser 158 milliards qu’ils n’ont pas. Le projet de budget prévoit en effet 500 milliards de dépenses, 345 milliards de recettes et 158 milliards de déficit, couvert par un emprunt auprès des financiers. Tous les budgets étant en déficit depuis quarante ans, l’État a une dette de 3000 milliards d’euros, soit un peu plus que toute la richesse produite annuellement en France. Les taux d’intérêt augmentant, l’État paye de plus en plus cher pour rembourser sa dette et honorer ses échéances. Il doit donc maintenant verser chaque année 50 milliards d’euros d’intérêts à ses créanciers, leur constituant une véritable rente. L’équilibre de l’ensemble, ou plutôt la fuite en avant, est censé venir de la croissance économique, ce qui constitue un pari hasardeux, et se base sur l’idée que les travailleurs continueront à prendre des coups sans réagir, ce qui ne l’est pas moins.

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