Russie-Ukraine : quand l’impérialisme hurle au loup05/10/20222022Journal/medias/journalnumero/images/2022/10/2827.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Russie-Ukraine : quand l’impérialisme hurle au loup

À Moscou, la Cour constitutionnelle a déclaré conforme à la Constitution le rattachement de quatre régions tenues en tout ou partie par l’armée russe dans l’est et le sud de l’Ukraine.

Trois jours plus tôt, Poutine avait ratifié en grande pompe les résultats, sans surprise, des référendums qui validaient le rattachement à la Russie des républiques de Donetsk et Lougansk, ainsi que des régions de Zaporijia et Kherson.

Biden a déclaré que « jamais, jamais, jamais » les États-Unis ne reconnaîtraient ces territoires comme russes. Les dirigeants de l’Union européenne ont fait chorus. Les pays dont l’économie domine le monde, le G7, ont parlé de simulacres de référendum. Quant à Macron, dans un numéro à la tribune de l’ONU, il a fustigé un retour « à l’âge des impérialismes et des colonies ».

Poser au champion du droit des peuples, il faut oser quand on conduit la politique de la France dans ses anciennes colonies d’Afrique, en s’appuyant sur des dictateurs qui ne font souvent même pas semblant d’en passer par des élections, et sur l’armée française pour protéger les intérêts de Total, Bolloré et autres grands groupes.

Bien sûr, ce n’est pas pour défendre les droits et les intérêts de leurs quelque 6 millions d’habitants que Poutine a annexé 17 % du territoire de l’Ukraine. Il défend là les intérêts de la bureaucratie russe, de ses oligarques face aux États impérialistes d’Amérique et d’Europe. Or ceux-ci considèrent qu’ils sont chez eux en Ukraine depuis le coup de force du Maïdan en 2014, que le pays leur appartient et que la Russie n’a plus rien à y faire.

Les territoires annexés par Moscou ont pourtant fait partie de la Russie sous les tsars, puis de l’Union soviétique. Parlant russe en général, leurs habitants ne se sentent pas forcément plus ukrainiens que cela et ont pu se dire, pour toute une série de raisons et sans qu’il faille leur pousser la baïonnette dans les reins, que le pire n’était pas de revenir dans le giron de Moscou. D’autant que, avant la guerre, le régime de Zelensky était largement vu comme corrompu et ­antiouvrier. Simplement, lors des référendums certains ont sans doute choisi de continuer à vivre là où ils habitaient, quelle que soit la couleur du drapeau.

En déclenchant la guerre le 24 février, Poutine n’était certes pas inspiré par la défense du peuple ukrainien, et l’envoi de chars russes n’était certes pas le meilleur moyen de renforcer l’amitié entre les deux peuples. L’objectif était de répondre aux pressions occidentales sur la Russie, à la politique de l’impérialisme, américain au premier chef, qui n’accepte pas de voir tant soit peu contester son hégémonie.

L’intangibilité des frontières, que les dirigeants du monde impérialiste brandissent contre Poutine, ne vaut que lorsque celles-ci ont été tracées par et pour les puissances impérialistes, États-Unis, France, Grande-Bretagne, etc. Et tant qu’elles y trouvent leur compte.

On l’a vu quand, après le 11 septembre 2001, les États-Unis ont attaqué sans se gêner l’Afghanistan, ou quand ils s’en sont pris à l’Irak en 2003. Ou en Yougoslavie, au milieu des années 1990, quand les grandes puissances occidentales ont présidé au dépeçage de cet État fédéral. Vint ensuite le tour de la Serbie : son tracé frontalier n’avait plus rien d’intouchable dès lors que l’Allemagne, les États-Unis, la France et la Grande-Bretagne trouvaient préférable d’affaiblir ce pays. Et il y a bien d’autres exemples.

Ce sont les mêmes qui fournissent toujours plus d’armes et de fonds à l’Ukraine. Ce faisant, ils ne visent nullement à protéger le peuple ukrainien, le premier à faire les frais de cette escalade guerrière. Les puissances impérialistes veulent apprendre au monde entier ce qu’il en coûte de ne pas plier le genou devant elles. Et cela même si les gouvernants, les médias et les idéologues de tout bord qui filent le train au loup cherchent à le travestir en agneau.

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