Martinique – Guyane : comme ailleurs, l’insécurité a bon dos !05/10/20222022Journal/medias/journalnumero/images/2022/10/2827.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Martinique – Guyane : comme ailleurs, l’insécurité a bon dos !

Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur et des Outremer et Gabriel Attal, ministre des Comptes publics, ont achevé leur tournée tropicale sécuritaire par la Martinique. Au préalable, ils s’étaient rendus avec le ministre de la Justice, éric Dupond-Moretti, en Guyane où la CTG (collectivité territoriale de Guyane) avait organisé des « Assises de la sécurité ».

Ils ont annoncé l’arrivée de nouvelles brigades de gendarmerie, le renforcement des effectifs policiers, douaniers et judiciaires, des drones pour la surveillance des côtes en Martinique, l’installation de scanners à l’aéroport de Cayenne et l’interdiction de vente d’armes. Quant au scanner permettant d’examiner le contenu des containers sur le port de Fort-de-France, il serait prévu pour 2024. En attendant, il y aura des scanners mobiles et les municipalités pourraient disposer d’un fonds spécial pour installer des caméras de vidéo-surveillance dans leur ville.

Dans ces départements, le chômage, la pauvreté, la désespérance ravagent le tissu social, avec 13,20 % de taux de chômage officiel en Martinique, près du double de celui de l’hexagone, 20 % en Guyane. 50 % de la population guyanaise vit sous le seuil de pauvreté avec moins de 1 000 euros par mois, et 29 % en Martinique.

Les conséquences sont là : 23 homicides, dont 19 par armes à feu, depuis le début de l’année en Martinique et 30 en Guyane, la criminalité, la délinquance augmentent. Des « mules » transportant de façon dissimulée de la cocaïne sont interceptées sur de nombreux vols à Orly ou Roissy en provenance de Cayenne. En début d’année, de nombreux suicides ont touché les communautés amérindiennes du haut-Oyapock en Guyane. L’observatoire régional du suicide a recensé 381 tentatives pour 295 000 habitants en Guyane.

La réponse sécuritaire apportée aujourd’hui par les ministres ne pourra pas régler les problèmes de fond, la montée de la violence, le trafic de drogue ou la délinquance. Ces phénomènes se développent et s’amplifient sur la base d’une société fracturée et injuste qui laisse sans perspective et dans le désespoir des milliers de jeunes, hommes comme femmes, et leur famille. Les colmatages d’un gouvernement au service des plus riches et des gros possédants ne peuvent empêcher le désastre social de prendre de l’ampleur.

L’État développe une démagogie sécuritaire pour ne pas s’attaquer aux vraies causes sociales de l’insécurité. Si chacun pouvait avoir un travail correctement payé, on verrait cette insécurité diminuer fortement. De même en ce qui concerne les bidonvilles, l’habitat insalubre qui doit être amélioré et disparaître. La détresse sociale génère comme partout la criminalité. Mais Darmanin ne rate pas une occasion de se donner une image de premier gendarme de France et de présidentiable. Ses tournées en France et dans les anciennes colonies font partie du plan. Gageons qu’on le verra sans doute bientôt à Saint-Pierre et Miquelon, en Nouvelle Calédonie, à Wallis et Futuna, en Polynésie. Et pourquoi pas aux Kerguelen et Terres australes et antarctiques ?

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