Korian – Poissy : la direction menace des tribunaux07/09/20222022Journal/medias/journalarticle/images/2022/09/P12_Manifestation_Korian_Poissy_pour_site_C_LO.jpg.420x236_q85_box-0%2C37%2C800%2C487_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Korian – Poissy : la direction menace des tribunaux

Lundi 5 septembre, plus de 80 personnes se sont rassemblées devant l’Ehpad Korian de Poissy, dans les Yvelines, pour soutenir une aide-soignante avec dix-sept ans d’ancienneté que la direction centrale du groupe avait fait citer ce jour-là devant le tribunal correctionnel de Paris.

Illustration - la direction menace des tribunaux

La plainte pour injure publique visait le fait que, dans une manifestation publique le 8 mars, journée d’action nationale dans les Ehpad, cette déléguée CGT avait porté un T-shirt moquant le slogan du groupe « Le soin à cœur », transformé en « Le fric à cœur », avec un doigt dressé vers le haut.

Ridicule ? Mais ce ridicule pourrait coûter jusqu’à 12 000 euros d’amende à une simple travailleuse au profit d’un des tout premiers groupes européens de maisons de retraite, qui compte 57 000 salariés, dont plus de 20 000 en France, et un chiffre d’affaires de 4,3 milliards d’euros en 2021.

C’est que, comme d’autres groupes capitalistes spécialisés dans l’« or gris », et notamment son concurrent Orpea, Korian est critiqué pour son âpreté au gain, ses économies sur le dos des résidents et des salariés, dénoncés dans des articles de presse, des émissions de télévision, des protestations de salariés. Selon la presse, en juin dernier, trente plaintes ont été déposées par des familles. L’action de Korian avait perdu 36 % en six mois.

Dans ces établissements, le prix de l’hébergement peut aller de 3 500 euros par mois (lit, repas, toilette, surveillance de la santé) à plus de 5 000, selon qu’on est seul dans sa chambre ou avec un autre résident, et selon les prestations comprises ou non dans le contrat, lavage sur place du linge personnel ou lavage par la famille, coiffeur, pédicure….

Côté personnel, outre les bas salaires et le manque de matériel, tel les lève-malades, il en manque partout. Poissy compte 65 salariés pour plus de 120 lits. La direction trouve cela suffisant et a supprimé un poste sur les quatre de chaque étage de 32 lits, la salariée « volante » du rez-de-chaussée étant censée monter aider en cas d’absence. Le temps prévu pour la toilette est de 15 à 20 minutes, mais, comme partout, elle peut être beaucoup plus longue, vu le nombre de résidents en perte d’autonomie physique ou victimes de troubles cognitifs réclamant beaucoup plus de temps et d’attention.

La plainte de Korian, comme celles déposées contre deux autres militants ces derniers mois, a surtout pour but d’intimider le personnel, pour l’obliger à subir ces conditions de travail et à se taire. Eh bien à Poissy, cela ne passe pas.Tous les salariés en poste le 5 septembre sont descendus à un moment ou à un autre en tenue de travail pour témoigner affectueusement de leur soutien. Une dizaine d’autres, en repos, s’étaient déplacés, en plus de militants d’autres Ehpad, d’hôpitaux, de l’usine PSA ou cheminots et habitants de la ville.

L’affaire sera jugée le 9 novembre. Et la mobilisation sera forte ce jour-là.

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