Ukraine: la prudence de Zelensky31/08/20222022Journal/medias/journalnumero/images/2022/09/2822.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Ukraine: la prudence de Zelensky

Récemment, le président ukrainien, Zelensky, a décidé que les soldats et volontaires des formations de la Défense seraient temporairement exemptés du remboursement des crédits qu’ils ont contractés auprès des banques.

Zelensky est au mieux avec la plupart des banquiers et oligarques de son pays, qui l’ont fait élire et qui l’appuient. En tant que produit de ce régime, son chef n’a bien sûr nulle intention de nuire aux intérêts de ces gens-là. Mais en proclamant ce moratoire sur les dettes des combattants, il veut conforter son image de premier défenseur du pays et de ceux qui risquent leur peau face à l’armée russe.

Sous cet angle, il ne peut paraître ignorer dans quelle situation se trouvent ceux qui, ayant quitté un emploi pour prendre les armes, ne reçoivent même pas toujours leur solde. D’autant plus que, de façon plus générale, ce qui menace de très nombreux habitants de ce pays, outre les missiles, c’est une misère noire. Ainsi la branche locale du magazine Forbes constate que 39 % d’Ukrainiens se retrouvent sans emploi et sans ressources. Encore ne comptabilise-t-elle que ceux qui n’ont pas travaillé depuis plus de deux semaines et ignore-t-elle le chômage partiel.

Les dirigeants de Kiev et leurs parrains des grandes puissances occidentales n’ont certes pas les problèmes du Kremlin pour trouver des combattants. En Ukraine, les volontaires abondent. Il y a ceux qui rejoignent l’armée et la défense territoriale par nationalisme, ceux qui pensent défendre ainsi leur famille ou ceux qui n’ont plus de toit ni d’emploi. Sur ce terrain, le régime ukrainien bénéficie d’un certain consensus, pour autant que l’on puisse en juger de loin. Mais il est bien placé aussi pour savoir qu’il ne peut pas tout se permettre. Ainsi, cet été, l’état-major a fait savoir que les hommes mobilisables, ceux de 18 à 60 ans, ne pourraient plus quitter leur région sans l’aval du commissariat militaire dont ils relèvent. Zelensky a réagi en désavouant la mesure et en affirmant que lui seul pouvait décider de telles choses.

Craint-il donc que, malgré la propagande et malgré toute l’eau que les méfaits de Poutine apportent au moulin du nationalisme d’État de Kiev, certains, parmi la population ukrainienne, n’aient pas oublié quels sentiments leur inspiraient, avant la guerre, cet État corrompu, ses oligarques mafieux et leur représentant Zelensky?

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