Matraque contre rodéos urbains10/08/20222022Journal/medias/journalnumero/images/2022/08/2819.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Matraque contre rodéos urbains

Le ministre de l’Intérieur Darmanin a promis 10 000 interventions policières immédiates pour empêcher les rodéos urbains et punir leurs auteurs.

Cette déclaration fait suite au très grave accident dont deux enfants de Pontoise ont été les victimes, percutés par une moto sur le terre-plein où ils jouaient. Le chauffard, un jeune de 18 ans, s’est présenté le lendemain à la police, reconnaissant sa responsabilité.

Cette pratique du rodéo urbain, consistant à se livrer à des acrobaties en pleine rue sur divers véhicules, avait déjà tué une personne à Rennes au mois de juin. Elle suscite, outre de nombreux accidents, la crainte justifiée et le ressentiment légitime des riverains, particulièrement des personnes âgées et des parents de jeunes enfants. Darmanin joue donc sur du velours en promettant plus de descentes de police, plus de saisies de véhicules, des peines et des amendes plus lourdes, etc.

Le même ministre, dans le même discours, évoque pourtant 8 000 interventions en deux mois lors de rodéos, 700 véhicules saisis, 1 200 interpellations. Un de ses prédécesseurs avait même fait voter une loi spéciale sur les rodéos urbains. Darmanin n’annonce donc rien d’autre que ce qui existe déjà et qui a tristement montré son inefficacité. Mais il le fait à coups de trompe et pour se mettre en valeur.

Les rodéos sont à l’image de la dégradation que connaissent les quartiers populaires. Ce phénomène, ainsi que la délinquance, le trafic de drogue et les multiples incivilités sont évidemment montés en épingle par les démagogues comme Darmanin et ses concurrents.

Ils insistent moins, surtout lorsqu’ils sont aux affaires, sur le chômage et la précarité qui écrasent la jeunesse, les équipements collectifs laissés à l’abandon, le pitoyable état des logements, la vie de relégation, de mépris et d’oppression de centaines de milliers de jeunes des quartiers populaires.

Le jeune motard est certes responsable de l’accident et les amateurs de rodéo en pleine rue sont des dangers publics. Mais les politiciens à la Darmanin, qui organisent et justifient le délaissement des quartiers populaires et ramassent la popularité à coups de matraque, sont des dangers sociaux. Ils se moquent complètement des ravages subis et de la vie quotidienne des familles ouvrières.

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