“Pénurie de main-d’œuvre” : une campagne antiouvrière12/07/20222022Journal/medias/journalnumero/images/2022/07/2815.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

“Pénurie de main-d’œuvre” : une campagne antiouvrière

Au milieu d’une brochette de patrons, d’économistes et de ministres, Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, a déclaré que « la pénurie de main-d’œuvre » était « la deuxième urgence » après le pouvoir d’achat.

En trouvant « révoltant qu’il y ait encore autant de chômage et autant d’entreprises qui cherchent des salariés », il a apporté sa contribution à la campagne patronale selon laquelle trop de chômeurs ne voudraient pas travailler. Il s’est engagé à traiter le problème dès la rentrée. Le traitement envisagé est sans surprise : durcir un peu plus les conditions d’accès à l’indemnité chômage, en plafonnant le nombre de jours non travaillés pris en compte dans l’indemnité journalière des travailleurs qui alternent périodes avec et sans travail. Réduire le montant des indemnités chômage d’un côté, défiscaliser les heures supplémentaires de l’autre, c’est ce que Le Maire et ses acolytes appellent « revaloriser la valeur travail ».

Si des postes de serveurs, de vendeurs, de caissiers, de maçons, d’aides à domicile ou encore d’infirmiers restent vacants un certain temps, c’est d’abord à cause de la pénibilité des conditions de travail, des horaires décalés qui détruisent la santé et la vie de famille, et des salaires trop faibles. Des patrons le reconnaissent. Un restaurateur du Gers a déclaré avoir recruté facilement 20 salariés en leur proposant la semaine de quatre jours et en mettant à leur disposition un logement. Un autre a trouvé un pizzaïolo en augmentant son salaire de 20 %, en s’engageant à payer toutes les heures et en lui accordant deux jours de repos hebdomadaire, ce qui devrait être la norme.

Le cynisme et l’hypocrisie du patronat sont sans limite. Les patrons du secteur aérien se plaignent aujourd’hui de ne pas trouver de bagagistes, d’agents de sûreté, de techniciens de maintenance ou encore de personnel navigant. Le PDG d’Aéroports de Paris (ADP) se plaignait de la difficulté à pourvoir 4 000 postes. Il a juste omis un détail : ADP a supprimé 1 100 emplois en 2020 sous prétexte du Covid ; les centaines d’entreprises sous-traitantes d’ADP, plusieurs milliers, tous ces travailleurs ayant dû retrouver un emploi ailleurs.

Les patrons voudraient des travailleurs sous-payés, corvéables et jetables à tout moment. Quand les salariés refusent de telles conditions, les patrons s’offusquent et se tournent vers le gouvernement. Tartuffes !

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