Nationalisation d’EDF : la fée étatique12/07/20222022Journal/medias/journalarticle/images/2022/07/p5-1_DANGER_PRIX_EN_HAUSSE_OK_Lupo.jpg.420x236_q85_box-0%2C395%2C1024%2C971_crop_detail.jpg

Leur société

Nationalisation d’EDF : la fée étatique

Elisabeth Borne a annoncé la semaine dernière la renationalisation complète d’EDF, justifiée prétendument par la nécessaire souveraineté énergétique mise en évidence par la crise avec la Russie. En réalité, il s’agit là d’une opération de renflouement, sur le dos des usagers et des travailleurs de l’énergie.

Illustration - la fée étatique

Après avoir nationalisé l’électricité et le gaz en 1946, afin de fournir l’énergie nécessaire à la reconstruction du pays, l’État a ensuite préparé l’ouverture aux capitaux privés à partir de la fin des années 1990. Il a fallu séparer artificiellement EDF et GDF, puis la production d’électricité et son transport, en se réfugiant souvent derrière le paravent bien commode des exigences de l’Union européenne. Il s’agissait alors de détacher les morceaux les plus rentables de l’entreprise de ceux qui ne l’étaient pas, afin d’attirer les capitaux privés.

Dans les années 2000, les industriels d’abord, puis les particuliers, ont pu faire appel à de nouveaux fournisseurs qui ne produisent pas d’électricité.

L’opération s’est révélée ruineuse pour EDF, obligée de vendre l’électricité qu’elle produit à des prix fixes à des intermédiaires qui la revendent ensuite bien plus cher : du parasitisme pur et simple. Dans la même période, EDF a cessé les investissements, sous-traité la maintenance à des entreprises privées. Aujourd’hui, le secteur nécessite de lourds travaux de maintenance et la construction de nouvelles infrastructures, dépenses épargnées aux capitalistes privés, avides de rendements importants et rapides. Le résultat pour les usagers individuels a été l’explosion des factures.

Aujourd’hui, l’État reprendrait donc le contrôle à 100 % de l’entreprise, de ses dettes (70 milliards fin 2022) et de ses pertes prévisibles (10 à15 milliards cette année). Il commencera par dépenser 5 à 7 milliards pour indemniser les 16 % d’actionnaires privés aujourd’hui au capital d’EDF. En réalité, il s’agit d’abord de faciliter le renouvellement des équipements et des infrastructures, en particulier au niveau des centrales nucléaires, touchées par l’âge et les problèmes de corrosion. D’autre part, pour développer les énergies renouvelables, des investissements sont indispensables. Le patronat veut en profiter, mais pas les financer.

Enfin, la concurrence s’accélère entre groupes capitalistes du secteur, à l’échelle européenne. Or il n’est pas question pour les industriels d’avoir à payer plus cher des mégawatts, et encore moins d’avoir à subir de vraisemblables coupures.

Quel que soit l’angle envisagé, l’État remplit donc son rôle essentiel : permettre la réalisation du profit privé.

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