Dans le monde

Ukraine : loi martiale contre les travailleurs

Depuis le début de l’invasion russe, le gouvernement ukrainien a décrété la loi martiale. Outre l’interdiction de quitter le pays pour les hommes entre 18 et 60 ans qui peuvent être mobilisés, cette loi martiale facilite la remise en cause des droits des travailleurs.

Derrière Zelensky, présenté, ici, comme le héros de la résistance ukrainienne, il y a toujours eu les riches oligarques ukrainiens. Des gens comme Oleg Kolomoïsky, propriétaire de la chaîne de télévision qui a fait élire Zelensky, ou Rinat Akhmetov, l’homme le plus riche du pays, qui contrôle les principales entreprises de la sidérurgie ou de l’énergie en Ukraine. Ces oligarques, qui doivent leur fortune à la corruption et à leurs relations passées et présentes au sein des appareils d’État ukrainien et russe, emploient des centaines de milliers de travailleurs.

Piller les ressources du pays, plonger la population ukrainienne dans la misère la poussant à l’émigration, ne leur suffisait pas. Depuis des années, les patrons ukrainiens exigent du gouvernement qu’il modifie les lois pour enlever dans le Code du travail, qui date de 1971, à l’époque soviétique, ce qui pouvait encore protéger les travailleurs. Ainsi le projet de loi n°5371, « visant à simplifier la réglementation des relations de travail dans les petites et moyennes entreprises et à réduire les charges administratives », devait permettre aux employeurs des entreprises de moins de 250 salariés (70 % des travailleurs ukrainiens) de remplacer les conventions collectives par un contrat individuel où le salarié peut accepter tout et n’importe quoi sous prétexte de « consentement mutuel des deux parties ». Comme si patrons et travailleurs étaient à égalité ! Ce projet de loi, largement rédigé par l’ancien président géorgien et pro-américain Saakashvili, installé en Ukraine, avait suscité des réactions des travailleurs et avait été abandonné en 2021. La proclamation de la loi martiale, qui interdit les grèves et les manifestations, et la perte de plus de cinq millions d’emplois du fait de la guerre, des destructions d’usines, des frontières fermées, ont permis aux députés de remettre cette loi sur le tapis. Au nom de l’union nationale, une majorité de députés l’a votée en première lecture.

Au-delà de cette loi destinée à survivre à la guerre, la dictature de fait qui règne en Ukraine et la loi martiale permettent aux patrons, pour la durée de la guerre, d’imposer ce qu’ils veulent avec le soutien du pouvoir. Ainsi la durée hebdomadaire de travail peut passer de 40 à 60 heures ; une entreprise peut, à sa discrétion, licencier n’importe quel salarié avec un préavis de dix jours et suspendre, sans salaire, tous les contrats de travail. Ainsi des millions de salariés ne sont plus payés.

N’en déplaise à tous ceux qui glorifient « la résistance ukrainienne », l’invasion russe n’a pas mis un terme à la lutte de classe en Ukraine. Elle l’a au contraire intensifiée en affaiblissant, provisoirement, la capacité des travailleurs à se défendre et à s’organiser.

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