Prix alimentaires : imposer la hausse des salaires06/07/20222022Journal/medias/journalarticle/images/2022/07/P5-1_Prix_legumes_wanted_ok_Lupo.jpg.420x236_q85_box-0%2C174%2C449%2C426_crop_detail.jpg

Leur société

Prix alimentaires : imposer la hausse des salaires

Interrogé sur la hausse des prix alimentaires, le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, a déclaré que des contrôles seraient exercés « filière par filière » pour « voir s’il y a des marges inacceptables qui sont prises par certains à chaque étape de la distribution ou de la fabrication du produit ».

Illustration - imposer la hausse des salaires

Et d’affirmer, coup de menton à l’appui, que le gouvernement « ne laisserait pas passer les profiteurs de la crise inflationniste ».

Le Maire prétend augmenter les contrôles – on se demande bien avec quels moyens ! – pour s’assurer que la « marge minimale de 10 % au-dessus de la revente à perte » va bien aux producteurs, en particulier aux petits agriculteurs. Voilà une façon détournée de reconnaître une réalité, les géants de l’agroalimentaire ayant effectivement toutes sortes de moyens d’imposer leur loi aux exploitants agricoles les plus modestes ! Le même ministre, ne craignant pas la contradiction, a aussi évoqué la possibilité d’autoriser à nouveau des promotions à 50 % dans les supermarchés, avant de faire machine arrière face au tollé des agriculteurs. De toute façon, ces promotions à prix cassés permettent aux grands de la distribution d’attirer des clients sans vraiment faire baisser l’addition finale.

Le gouvernement fait mine de découvrir que la guerre en Ukraine et les menaces qu’elle fait peser sur les approvisionnements futurs, notamment en céréales, sert dès aujourd’hui de justification à de grands groupes capitalistes pour augmenter leurs prix, et donc leurs bénéfices. Dans le secteur de l’alimentation, entre transformateurs, distributeurs et producteurs, plusieurs sortes de requins nagent dans le même bocal et tentent de maximiser leurs profits aux dépens des autres et, en définitive, aux dépens des consommateurs.

Les producteurs, parmi lesquels se trouvent des grands groupes, revendiquent au nom des petits agriculteurs que les prix du lait, de la viande, des céréales ou des œufs suivent les augmentations de tout ce qui est nécessaire à les produire ; les industriels, qui transforment ces matières premières en autant de paquets de pâtes, de crèmes dessert ou de plats surgelés, expliquent qu’ils sont pris à la gorge. Quant aux distributeurs, ils se posent en défenseurs du pouvoir d’achat des consommateurs et désignent les industriels comme responsables des hausses. On a ainsi pu entendre Michel-Édouard Leclerc réclamer une commission d’enquête sur l’origine suspecte d’une partie de l’inflation et dénoncer les fausses justifications de grands groupes de l’agroalimentaire pour augmenter leurs prix. Ce qu’il ne faut pas faire pour défendre ses propres marges !

Quels que soient les rapports de force entre les acteurs du secteur, les augmentations se répercutent au final sur les consommateurs. Et ce n’est pas la politique de l’aumône ou les déclarations d’intention du gouvernement contre les profiteurs de crise qui sauveront le pouvoir d’achat des travailleurs.

Alors que la guerre donne un coup d’accélérateur à la crise économique, la seule solution pour les travailleurs et les classes populaires est d’engager la lutte pour imposer des hausses massives des salaires, des pensions et des allocations et leur indexation sur la hausse des prix. Cette nécessité, bien des travailleurs la ressentent, comme en témoignent les mouvements pour des augmentations de salaires dans de nombreuses entreprises, grandes et petites. C’est la seule voie à suivre, à l’échelle de l’ensemble des travailleurs.

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