Dans les entreprises

Liebherr Aerospace Toulouse : mécontentement tout azimut

Liebherr est une entreprise de l’aéronautique où travaillent plus de 1 500 personnes, réparties sur deux sites, Toulouse et Campsas, distants de 30 kilomètres. En 2020, en pleine crise du Covid, l’actionnaire unique, la famille Liebherr, avait empoché la somme de 29 millions d’euros, après avoir mis à la porte 300 intérimaires et prestataires.

L’an dernier, alors que l’aéronautique tournait encore au ralenti, les bénéfices ont atteint 40 millions d’euros. Cela n’a pas empêché l’État de verser 4 millions d’euros d’aides à l’entreprise. Pour cette année, le patron a annoncé dernièrement que les perspectives sont bonnes et que les bénéfices devraient atteindre 90 millions d’euros.

Il prévoit aussi un agrandissement des locaux, avec notamment la construction d’un atelier de 13 000 m² à Campsas, pour la production des échangeurs thermiques actuellement faite à Toulouse. Et, alors que ce déménagement de 30 kilomètres ne se fera pas avant mai 2024, il a décidé de négocier dès aujourd’hui les conditions de transfert des 130 salariés concernés.

Ils ont donc appris que la direction leur proposait 5 000 euros de prime de transfert, soit la même somme qu’elle avait donnée il y a plus de quinze ans lors du déménagement de l’Usinage. Aux 60 km de trajet supplémentaire par jour s’ajoute un mépris qui provoque la colère. Le jeudi 16 juin la quasi-totalité de l’atelier des Échangeurs s’est mise en grève pour réclamer 15 000 euros de prime de déménagement. La direction a alors réagi en disant qu’elle ne négocierait pas sous la pression. Cette morgue n’a fait que conforter les grévistes pour poursuivre leur mouvement.

Au bout de quatre jours de grève, le mercredi 22, la direction les a réunis pour annoncer que la prime passerait à 7 000 euros s’ils reprenaient le travail, mais les grévistes ont décidé de continuer. Le lendemain matin, un directeur et le DRH revenaient à la charge. Devant le refus des salariés de reprendre le travail, ils repartaient pour revenir dix minutes plus tard en proposant 2 000 euros de plus, ce qui porterait la prime à 9 000 euros. Satisfaits d’avoir obtenu 4 000 euros de plus au bout de six jours de grève, les grévistes décidaient de reprendre le travail le lendemain.

Dans le même temps, les travailleurs du Montage, à Toulouse, s’étaient réunis pour réclamer une prime, du fait des heures supplémentaires obligatoires. Dans les ateliers et les bureaux, le travail est en effet reparti à fond, il manque du personnel et, depuis quelques mois, les équipes de 3x8 à l’Usinage, à Campsas, ont été rétablies, avec des heures supplémentaires le samedi. Dans certains ateliers en journée, c’est une heure de plus par jour qui est imposée. Au début du mois, le mécontentement des salariés de l’Usinage devant ces samedis travaillés avait fait lâcher 50 euros de plus par samedi.

La direction a dû accepter de rouvrir les négociations salariales. Sa proposition de rajouter 2,2 % d’augmentation par mois, avec un minimum de 50 euros, n’a satisfait personne. Dans les ateliers du Montage et à l’Usinage, des travailleurs se sont réunis pour réclamer 100 euros.

Finalement, la direction reste sur son mini de 50 euros, mais accorde 50 euros de prime pour ceux qui font 40 heures supplémentaires par mois et confirme les 9 000 euros de prime promise au moment du déménagement, dans environ deux ans.

Beaucoup ne veulent pas en rester là et sont prêts à se battre pour obtenir gain de cause sur les salaires. Il n’est pas question de subir des pertes de pouvoir d’achat pendant que Liebherr empoche d’énormes bénéfices.

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