Dans le monde

Ukraine : “la guerre va durer”, promet l’OTAN

« Aujourd’hui est un jour vraiment historique. L’Ukraine a reçu le soutien de quatre puissants États européens à la fois. C’est un grand pas en avant » pour la demande d’adhésion de l’Ukraine à l’Union européenne (UE).

Le président ukrainien Zelensky n’a pas fait dans la sobriété pour saluer la visite à Kiev de ses homologues français, allemand, italien et roumain, le 16 juin.

Sur ce terrain, il se trouvait à l’unisson avec les quatre compères venus apporter leur soutien en fanfare à la candidature de l’Ukraine à l’UE. Pourtant, même approuvé par Bruxelles, ce « grand pas en avant » reste très hypothétique. Ainsi, il ne dit rien du temps qu’il faudra à l’UE pour accepter, peut-être, l’Ukraine et sous quelle forme : comme membre à part entière ou en l’associant à une Communauté politique européenne qui n’existe pas et que Macron a sortie de son chapeau.

En matière de promesses sans cesse repoussées, l’UE a une longue, très longue expérience. Elle a ainsi validé la demande de plusieurs États des Balkans sans que ceux-ci voient rien venir depuis des années, voire depuis des décennies dans le cas de la Turquie.

Poutine affirme n’avoir « rien contre » l’adhésion de l’Ukraine à l’UE en ajoutant « c’est leur affaire ». En fait, tant que Kiev ne permet pas aux armées occidentales de trop s’approcher de la Russie en rejoignant l’OTAN, le Kremlin peut s’en accommoder. Après tout, voici près de trente ans que les gouvernants ukrainiens ont annoncé faire de l’adhésion à l’UE « l’objectif prioritaire de leur politique étrangère », sans que cela aboutisse.

À Kiev, Macron a bien pu s’écrier « L’Europe est à vos côtés jusqu’à la victoire ! », la fin de cette guerre et des sacrifices pour les peuples ukrainien, russe et autres n’est pas pour demain. Et la perspective plus que brumeuse d’une éventuelle entrée de l’Ukraine dans l’UE n’y change rien.

C’est ce qu’a tenu à affirmer le secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg, deux jours après le show diplomatico-médiatique de Macron et consorts, dans une interview au quotidien allemand Bild.

« Nous ne devons pas faiblir dans le soutien à l’Ukraine, même si les coûts (de la guerre) sont élevés, pas seulement (en termes) militaires, mais aussi en raison des prix de l’énergie et de l’alimentation qui montent. » Et d’ajouter que cette guerre « pourrait durer des années ».

Plus qu’un pronostic, cela ressemble à un souhait. En tout cas pour les industriels de l’armement et pour les financiers dans leur sillage, étant donné l’explosion des budgets militaires partout dans le monde, notamment depuis le début de la guerre en Ukraine. Car toute la haute bourgeoisie, le grand patronat des États impérialistes et leur personnel politique voient dans cette guerre une aubaine. Elle vient à point nommé pour doper les profits du capital avec les budgets d’armement des États qui flambent alors que la crise mondiale du système capitaliste s’aggrave. De leur point de vue, elle a aussi l’avantage de servir de justification aux nouveaux sacrifices – « jusqu’à la victoire », dit Macron – que possédants et gouvernants à leur service veulent imposer aux classes laborieuses.

Cette guerre qui va durer, nous promet-on, n’est certes pas une exception sur cette planète où, du Darfour à l’Afghanistan en passant par la Palestine et tant d’autres pays d’Afrique ou d’Asie, des dizaines, des centaines de millions d’êtres humains n’ont parfois jamais connu même un semblant de paix. Mais même dans les pays les plus prospères d’un continent européen qui pouvait faire semblant d’ignorer cette réalité, cette guerre si proche vient rappeler que, comme Jaurès l’affirmait quelques jours avant le déclenchement de la Première Guerre mondiale, « le capitalisme porte en lui la guerre comme la nuée porte l’orage ».

Partager