Hôpitaux : pour le gouvernement, il n’y a pas d’urgence15/06/20222022Journal/medias/journalarticle/images/2022/06/P7-1_manif_Urgences_7_mai_Paris_C_LO.jpg.420x236_q85_box-74%2C0%2C726%2C367_crop_detail.jpg

Leur société

Hôpitaux : pour le gouvernement, il n’y a pas d’urgence

Devant le congrès des Urgences, mercredi 8 juin, la ministre de la Santé, Brigitte Bourguignon, a rendu publiques les premières mesures du gouvernement censées répondre à la catastrophe annoncée pour cet été, en particulier dans les services d’urgence.

Illustration - pour  le gouvernement, il n’y a pas d’urgence

La ministre a ainsi décidé de doubler pour l’été la rémunération des heures supplémentaires et de permettre aux infirmiers et aides-soignants en fin de formation d’aller travailler avant d’avoir reçu leur diplôme, ce qui ne ferait gagner que deux semaines de travail. Enfin, les soignants parvenus à la retraite sont appelés à retourner au travail afin que leurs cadets, épuisés, puissent partir en vacances. D’autres mesures seraient également en préparation, comme filtrer l’accès aux Urgences en obligeant à appeler d’abord le 15, avec tous les risques que cela comporte quand on sait que le Samu et les Smur sont déjà débordés.

Ces mesures ne sont pas du tout à la hauteur de la situation de sous-effectif qui amène déjà de nombreux services d’urgence à cesser leur activité. Fin mai, cent vingt services d’urgence étaient déjà contraints de fonctionner en effectif réduit ou en fermant la nuit ou le week-end, d’après l’association Samu-Urgences de France. Durant la période des congés, on peut déjà prévoir une aggravation. « Un service d’urgence sur cinq est en danger de fermeture cet été ; il y aura donc des morts » : voilà le constat dressé par le chef des Urgences de l’hôpital Avicenne à Bobigny.

Le manque de personnel est loin de se limiter aux Urgences : en 2021, douze départements disposaient de moins de 50 infirmiers salariés hospitaliers pour 10 000 habitants. En Haute-Corse et dans la Creuse, ils étaient deux à trois fois moins nombreux encore, et ne pouvaient compter que sur moins de deux médecins hospitaliers pour 10 000 habitants.

Former plus de soignants et mieux les rémunérer pour améliorer les conditions de travail : il n’y aurait pas d’autre manière de stopper l’hémorragie actuelle, et ce serait incommensurablement plus utile pour la société que de multiplier les porte-avions et les sous-marins nucléaires.

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