Eurosatory : le salon de la guerre15/06/20222022Journal/medias/journalnumero/images/2022/06/2811.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Eurosatory : le salon de la guerre

Pour monsieur et madame Tout-le-monde, il y a la Foire de Paris, le salon de l’automobile, celui de l’agriculture… Mais pour les généraux et les industriels de l’armement, il y a Eurosatory, le salon des marchands de canons.

Avec la guerre en Ukraine et la hausse des budgets de défense dans tous les pays, ce salon attend, cette année, un record de fréquentation.

Macron s’est déplacé en personne pour dire qu’il faut désormais que l’industrie de défense entre dans un régime « d’économie de guerre ». L’énorme consommation de munitions en Ukraine et l’ampleur des destructions permettent aux généraux de déclarer qu’il faut « regonfler les stocks » (d’armes) et « avoir de la masse » (de munitions), comme on dit dans leur jargon. « La guerre n’a pas changé de nature mais d’échelle », a dit un général interviewé. Et en France le budget de l’armement, qui était déjà continuellement en progression depuis plusieurs années, devait augmenter de près de deux milliards d’euros supplémentaires en 2022. Ce ne sera pas assez, a dit Macron, qui veut revoir cette augmentation à la hausse.

Si, en Ukraine, les morts, les estropiés, les traumatisés se comptent par milliers, côté ukrainien comme côté russe, si des millions de gens ont été déplacés et des villes entières détruites, pour des grands groupes industriels, cette guerre a signifié l’annonce d’une expansion considérable de leurs affaires. Et ça ne concerne pas que les marchands d’armes. « Le soldat devra être équipé d’un fusil mais aussi d’un téléphone », a expliqué un général au salon de Satory. Il faudra aussi l’habiller, le nourrir, le soigner, le déplacer… Tous les secteurs industriels sauront trouver leur compte dans cette « économie de guerre ». Mais les populations, elles, paieront, et pas seulement financièrement.

En Europe, les champs de bataille se sont rapprochés. Et le réarmement, de toutes les grandes puissances impérialistes, mais aussi des puissances régionales partout dans le monde, est le signe d’une marche vers une guerre généralisée.

La guerre d’Ukraine a ébranlé l’économie capitaliste, qui était déjà profondément en crise. Et elle a rebattu les cartes des rapports de force entre grands trusts et entre grandes puissances. Ne serait-ce qu’en ce qui concerne le pétrole et le gaz, la fin programmée de l’approvisionnement de l’Europe par la Russie, à cause des sanctions, va favoriser les uns – les groupes pétroliers des États-Unis, par exemple, qui veulent vendre leur gaz de schiste – et défavoriser les autres – comme les industriels allemands qui profitaient du gaz russe à bon marché. La guerre a déjà pour conséquence d’aggraver la crise et d’attiser des tensions commerciales, qui à leur tour peuvent mener à d’autres guerres.

On ne sait ni quand ni comment on ira à une guerre généralisée, mais d’ores et déjà les bouchers aiguisent leurs couteaux.

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