Toyota – Onnaing : il faut du salaire en plus !08/06/20222022Journal/medias/journalnumero/images/2022/06/2810.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Toyota – Onnaing : il faut du salaire en plus !

Depuis le 6 mai, l’usine Toyota d’Onnaing près de Valenciennes, où sont fabriquées les Yaris, est secouée par des débrayages pour les salaires.

Les hausses de prix, en particulier de l’essence (beaucoup d’ouvriers font des kilomètres pour venir travailler), les cadences toujours plus folles, l’annonce des profits record de Toyota, soit 20,7 milliards d’euros, tout cela avait convergé pour que le mécontentement s’exprime.

Partis d’un groupe de travailleurs de la ligne d’Assemblage, les débrayages sont restés minoritaires : 250 au maximum sur une équipe, dans cette usine qui compte 5 000 salariés en trois équipes. Mais ils ont été vus d’un bon œil par de nombreux travailleurs, qui envisageaient de s’y joindre. Depuis, la direction de Toyota s’est efforcée de reprendre la main, soutenue par tous les syndicats, hormis la CGT. Suite aux premiers débrayages, elle a annoncé une prime de 500 euros pour tous (CDI, CDD, intérimaires), qui a été payée fin mai. Elle a aussi annoncé un calendrier de réunions avec les syndicats et a reçu avec eux une délégation de 14 grévistes.

En guise d’augmentation de salaire, la direction n’a annoncé que 35,30 euros net, alors qu’autour plusieurs entreprises plus petites cédaient 100 euros ou plus. Cela a été pris par tout le monde comme un affront !

La semaine du 23 mai, elle a sorti les menaces : elle a annulé une réunion annoncée, convoqué à la place un à un les quatorze ouvriers qui avaient participé à la première réunion, et pas pour les féliciter bien sûr ; elle a fait le chantage à la délocalisation, renforcé la pression dans certains secteurs ; dans d’autres, où la pression est déjà maximum, elle l’a un peu relâchée. Elle a ainsi fait une démonstration de politique patronale qui tente de jauger les rapports de force pour reprendre le dessus.

Pour le moment, les pressions ont eu un effet, mais ce qui est positif est que les ouvriers se sont mobilisés, et au-delà, ont vu à quel point la direction se démène pour reprendre du terrain, et donc les craint. Les travailleurs qui avaient débrayé ne s’étaient pas réellement organisés pour décider : ils voient aussi que cela les a desservis.

La mobilisation est un peu retombée, mais de petits débrayages se sont encore produits dans la première semaine de juin, y compris samedi 4 juin, qui était travaillé pour l’équipe du matin. En tout cas, la conscience que les intérêts ouvriers sont inconciliables avec ceux des patrons et des actionnaires progresse. Et surtout on sait que les prix vont continuer d’augmenter et que la direction va continuer à bloquer les salaires et à aggraver les conditions de travail pour maximiser les profits : c’est elle qui va finir, inévitablement, par relancer la mobilisation.

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