Continental – Toulouse : les grévistes font reculer la direction01/06/20222022Journal/medias/journalarticle/images/2022/06/P14-1_Continental_C_LO.jpg.420x236_q85_box-0%2C25%2C2362%2C1353_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Continental – Toulouse : les grévistes font reculer la direction

Entreprise sous-traitante de l’automobile, Continental emploie environ 1 600 salariés à Toulouse.

Illustration - les grévistes font reculer la direction

Le personnel de production (fabrication) embauché y représente environ 150 à 200 ouvriers et techniciens.

C’est la saison des négociations salariales. La direction de Continental a proposé d’entrée 2 % d’augmentation, mais elle a assorti cela de toute une série de primes et de l’intégration au salaire d’une partie d’entre elles comme le 13e mois et l’intéressement. Avec des mesures de repositionnement et « d’amélioration de la vie au travail », elle a claironné que l’augmentation « pouvait aller jusqu’à 6 % » !

Personne n’ayant été dupe, les syndicats ont appelé à une première assemblée du personnel mercredi 11 mai à la jonction des équipes : il y est venu plus de 200 personnes, principalement des bureaux. Le personnel de fabrication n’en est pas resté là : il a décidé de débrayer le lendemain, deux heures par équipe. Les augmentations insuffisantes, mais aussi les pressions incessantes dans l’atelier, le non-remplacement des départs et les plans du genre « Saint Exupéry » (économies sur le personnel) ont fait grandir la colère. Il s’y ajoute des dépenses somptuaires, vécues comme une insulte par tous ceux qui gagnent peu et à qui on refuse de vraies augmentations. Les 440 millions de dividendes distribués aux actionnaires du groupe ont le même effet.

Jeudi 19 mai, lors d’une nouvelle assemblée du personnel tenue à plus de 250, un représentant syndical proposait de décider de la grève : 80 personnes la votaient, essentiellement la production et les supports de production présents, un seul contre et tout le restant ne participant pas au vote. La revendication qui s’en dégageait était une augmentation de 200 euros pour tous.

Ce qui fut dit fut fait : la grève était immédiate pour l’équipe d’après-midi, et s’enchaînait d’équipe en équipe y compris jusqu’au week-end. La production s’est retrouvée à l’arrêt, plus rien ne sortant et les grévistes préparant cartons et banderoles pour leur grève.

À l’assemblée générale du lundi 23 mai, la grève a été confirmée, et une délégation de grévistes est allée porter les revendications à la directrice des ressources humaines. Ils ont eu droit à la même propagande patronale, dans le genre : « Vous ne vous rendez pas compte de tout ce que Continental fait pour vous ! » Mais les grévistes ne se sont pas laissés impressionner et ont tenu tête, contents d’avoir dit son fait à la DRH.

Le week-end de l’Ascension était un deuxième obstacle à franchir : les grévistes ont maintenu le cap et leur grève jusqu’au lundi 30 mai. Finalement, ce jour-là, la direction lâchait un talon de 90 euros pour les salaires inférieurs à 1 900 euros, et 80 euros au-dessus, avec l’intégration d’une partie de l’intéressement au salaire, soit 80 euros. L’assemblée des grévistes, réunie à 14 heures, décidait d’arrêter la grève le soir à 22 heures. La solidarité entre équipes a payé, et pour la première fois, la grève a duré plus d’une semaine sans interruption.

Contents d’avoir fait reculer la direction, les grévistes ne s’en tiennent pas quittes pour autant : ils savent que l’inflation va grignoter ce qu’ils ont gagné, et sont prêts à remettre ça.

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