Le Havre : la situation des soins d’urgence27/04/20222022Journal/medias/journalnumero/images/2022/04/2804.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Le Havre : la situation des soins d’urgence

Depuis plus d’un an, il y a des fermetures de services d’urgence sur la ville du Havre. Dernièrement, la petite clinique des Ormeaux, employant 250 personnes, a fermé ses Urgences adultes pour tout le week-end de Pâques.

Pendant 24 heures également, du 10 au 11 avril, les Urgences adultes de l’hôpital privé de l’Estuaire – 800 salariés – ont fait de même. Chaque fois, les dirigeants de ces établissements, appartenant à la branche européenne du groupe Ramsay Health Care, comptant au moins 150 millions de bénéfices l’année dernière, ont annoncé ces fermetures par médias interposés, au dernier moment, en demandant à la population de composer soit le 15 (Samu), soit le 116 117 (médecin de garde).

Par ricochet, et devant un afflux prévisible aux Urgences de l’hôpital public, celui-ci a également fait savoir, par voie de presse, qu’il fallait tout simplement faire de même : composer le 15 ou le 116 117.

Les deux responsables interviewés, l’un médecin-PDG de la clinique privée, l’autre chef du service des urgences publiques, argumentent de la même façon : « Un tiers de ceux qui viennent aux Urgences n’ont rien à y faire », et « Trop de patients se présentent spontanément pour des situations qui ne sont pas prioritaires. »

Mais la réalité est tout autre. En dix ans, la ville a perdu 80 médecins généralistes. Ils étaient 190 et ne sont plus aujourd’hui que 110 : une baisse de 42 %. Une estimation conclut que, par conséquent, environ 25 000 personnes, soit 15 % de la population, n’ont pas de médecin traitant – ce médecin qui, auparavant, faisait les premiers diagnostics.

Malgré cette réalité affligeante, les établissements privés de la ville annoncent depuis des mois qu’ils vont vers la fermeture de leurs Urgences la nuit, et rien ne vient leur imposer de respecter ce service à la population. Ni le gouvernement, par l’intermédiaire de l’Agence régionale de santé, ni le président du conseil de surveillance de l’hôpital public, qui n’est autre qu’Édouard Philippe, le maire du Havre, ne protestent. Tout montre qu’ils cautionnent en fait cette diminution de ce qu’ils appellent l’offre de soins.

Voilà d’ailleurs en quels termes le groupe Ramsay remercie le pouvoir dans son bilan financier : « Le système de garantie de financement mis en place par le gouvernement français a généré des recettes de 103 millions d’euros pour l’exercice clos le 30 juin 2021. » Il déclare également avoir été « positivement [impacté] par l’augmentation tarifaire liée au financement du Ségur de la Santé. »

Tout est organisé pour aboutir à cette situation totalement contraire aux intérêts des travailleurs de ces établissements hospitaliers et de la population.

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