Thales : après trois mois de débrayages20/04/20222022Journal/medias/journalnumero/images/2022/04/2803.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Thales : après trois mois de débrayages

Le mouvement de revendications salariales chez Thales, qui durait depuis près de trois mois dans la majorité des cinquante sites, de Vélizy à Gennevilliers, d’Élancourt à Cannes, et même depuis neuf mois à Cholet, s’est éteint.

Des débrayages avaient lieu tous les jeudis, appelés jeudis noirs ou jeudis de colère, suivant les orientations d’une intersyndicale qui correspondaient au souhait des salariés, en majorité ingénieurs. La direction du groupe est restée ferme sur ses propositions de 3,5 % d’augmentation de salaire, à l’inverse des années précédentes, où un coup de pouce était donné après quelques réunions syndicats-direction. L’intersyndicale avait pourtant limité ses revendications à 0,5 % supplémentaire, même si certains avaient avancé une revendication de 200 euros pour tous.

Pour mettre fin à ce mouvement inédit, la direction du groupe a décidé fin mars d’assigner au tribunal sept délégués du site de Méru, dans l’Oise, pour entrave à la liberté de commerce et à la libre circulation, et dix-huit délégués et salariés d’Élancourt, pour atteinte aux intérêts stratégiques de la France et de son armée, rien que ça ! Du jamais-vu dans les annales de Thales.

Malgré les réponses syndicales, ces intimidations ont eu leur effet. L’intersyndicale a décidé d’un rassemblement devant le site d’Élancourt, 600 salariés, rassemblement qui a pris la forme, peu mobilisatrice, d’un « enterrement en grande pompe du dialogue social » accompagnant un cercueil ! En fait il s’agissait bien de l’enterrement du mouvement.

La direction n’a retiré ses plaintes contre les salariés que moyennant un protocole de sortie de crise accordant royalement 0,3 % d’augmentation en plus des 3,5 % du 1er avril ainsi que la prise en compte à hauteur de 50 % des heures de grève récupérables, aucune mesure n’étant prise suite aux actions menées. L’intersyndicale a présenté ces mesures comme « une avancée pour les salariés », tout en admettant que le compte n’y était pas.

Avec un milliard d’euros de bénéfices et 500 millions aux actionnaires, 20 milliards de commandes, Thales aurait de quoi satisfaire les revendications. Les salariés ont relevé la tête, et on peut espérer que ce sera un tour de chauffe.

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